Christian Ratovoarisoa : Deudeuche attitude
20 juillet 2025 // Loisirs & J’ai essayé // 5043 vues // Nc : 186

Quand l’air frappe au visage au siège de cette décapotable un peu spéciale, quand tout le monde sur la route se tourne et se met à sourire, c’est une sensation que seule la Deudeuche peut procurer. Une 2CV de 602cc réarrangée par Christian Ratovoarisoa, grand passionné des choses anciennes, un capot décoré de dédicaces : la voiture traine dans les villes d’Antananarivo depuis 2017.

D’où vient l’idée de retaper cette 2CV ?
J’ai commencé à la modifier en 2017, moins d’un an après son acquisition. La Deudeuche est inspirée de plusieurs voitures : la Ford, la Land Rover et la Volkswagen 181. Le pare-brise et les portes de la Land Rover sont démontables, mais pour moi, rien ne sert d’inventer — il faut profiter des expériences des autres. La 2CV est mon coup de cœur.

C’est une manière de vivre avec ce qu’on a. C’est souvent bluffant, parce que c’est en montant dans la Deudeuche qu’on comprend la sensation. Le calme et la liberté que l’on ressent à moto m’ont donné envie de la transformer en décapotable. C’est une voiture : elle a quatre roues, le démarreur, la veilleuse, les freins et le code phare fonctionnent. On peut accélérer, il n’y a pas de fumée qui en sort. Le jour où toutes les voitures de Madagascar respecteront ces normes, nous pourrons discuter de son allure.

Un siège tournant à 360 degrés, un klaxon de parole ?
Les autres l’ont fait, pourquoi pas nous ? Pourquoi est-ce que les étrangers peuvent s’asseoir à l’arrière d’un yacht, le dos tourné pour pêcher ? Pourquoi ne serait-ce pas possible ici ? Et s’il faut payer cher pour avoir un klaxon, on peut utiliser la parole avec un mégaphone. Pendant ces quelques années d’existence, nous avons vu naître beaucoup de sourires. Quand je me retrouve derrière un bus, j’appelle directement le chauffeur pour lui demander d’aller un peu plus vite.

Quand je vois des couples se disputer, je fais signe avec mon klaxon, et ils finissent par sourire. C’est cette sensation qu’on n’aurait pas en voyant une voiture conventionnelle. On nous a beaucoup trop habitués à n’utiliser les choses qu’une seule fois, alors qu’elles peuvent servir ailleurs. Là, je vous pose la question : si toute notre vie, nous, les Malgaches, avons été habitués à un seul chemin… n’existerait-il pas d’autres voies, ailleurs ?

Là où il y a Deudeuche, il y a un souvenir ?
Des souvenirs, il y en a tous les jours et partout. Avec mes amis, nous sommes déjà allés jusqu’à Moramanga et Antsirabe, et je me lance le défi de l’emmener un jour à Mahajanga. Que ce soit une route secondaire ou une montagne, la Deudeuche peut aller partout. Presque toutes les pièces sont d’origine, sauf les pneus que nous avons collectionnés. Un jour, en revenant du Musée du Nord, à Talatan’ny Volonondry, un des pneus s’est échappé : nous avons réorganisé les affaires pour rouler avec trois. Ce n’est pas tout le monde qui peut faire ça, mais il faut garder cette idée de faire avec ce qu’on a. À part m’occuper de la Deudeuche, je suis aussi président du Groupement des Motos et Voitures Anciennes de Madagascar. J’espère bientôt relancer un de nos événements : la traversée d’Antananarivo, toujours dans l’objectif de faire vivre cet esprit malgache et de s’adapter avec ce qu’on a. Au Musée du Nord, dont la Deudeuche est la mascotte, nous organisons des trails et des City Tours.

Propos recueillis par Rova Andriantsileferintsoa

Contact : +261 34 20 520 80
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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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