Baina Arphilica : Un poids lourd du jeu
9 novembre 2021 // Loisirs & J’ai essayé // 5333 vues // Nc : 142

Vous avez toujours rêvé de conduire un camion sur les routes nationales malgaches ? C’est chose faites avec le « Dago Map » développé par Bain Arphilica. C’est un jeu de simulation de camions comme l’ETS (« Euro Truck Simulator ») mais qui permet devenir un routier virtuel en traversant Madagascar et non l’Europe.

Pourquoi un jeu sur les camions ?
J’adore les poids lourds, j’ai même appris à les conduire sur la RN 2, mais je suis aussi un grand fan de jeux vidéo surtout de simulation, très proches de la réalité. À l’époque, j’étais sur WRC, Resident Evil, GTA, Dragon Ball Z et surtout Black Hawk, un jeu de tir FPS (First Person Shooter, Jeu de tir à la première personne). Ensuite, je me suis rendu compte que c’étaient toujours les étrangers qui créaient ces jeux-là, alors que nous à Madagascar, nous en sommes tout aussi capables.

En plus, nous sommes de grands joueurs. En 2019, j’ai appelé des potes pour m’aider à monter le projet, ils m’ont ri au nez, donc je me suis lancé tout seul en me formant pendant six mois. Mes études en modélisation et en développement m’ont beaucoup aidé. J’ai bien sûr rencontré des difficultés avant d’arriver à ce stade pour ne citer que le manque de sommeil, le délestage et bien sûr les jugements de la famille.

Comment on crée un simulateur de camions ?
J’ai d’abord créé deux versions : la première je ne l’ai pas présentée au public, juste à quelques personnes qui n’étaient pas convaincues, et la seconde, on me l’a piratée. La troisième, c’est Dago Map avec le correctif 1.41 en multi-joueurs. Concrètement, je vais sur Google Map, je tape un itinéraire, il me montre une route et je réalise un tracé ligne par ligne. J’ajoute ensuite les détails des maisons… tout cela par clic. Par exemple, de là où j’habite jusqu’à Ambohimangakely, j’ai réalisé près de 6 000 clics. Pour la réalisation d’un crocodile pour le parc d’Andasibe, j’ai mis trois mois ! Dans ce métier de développeur, dès que tu fais une petite erreur, par exemple un espace en plus ou en moins, rien ne va plus. Il faut trouver le problème, ça peut prendre une semaine. Il faut également créer des personnes, des animaux mais surtout des éléments qui n’existent pas directement comme les pousse-pousse, les ravinala (arbres du voyageur), le Rova de Manjakamiadana qui sont spécifiques au pays. En fait, j’ai réalisé une carte de Madagascar avec les six provinces et près de 280 villes. Je me donne une année pour terminer toute la carte.

Comment y joue-t-on ?
On te donne un garage, de l’argent et ta mission, c’est de livrer des marchandises dans différentes villes de Madagascar. Au fur et à mesure que tu joues, tu as des contrats, tu peux gagner beaucoup d’argent, agrandir ton garage, acheter des camions et engager des conducteurs. Ce sont surtout des adultes qui aiment ce jeu, les plus jeunes préfèrent les taxi-brousse pour leur conduite un peu plus « sauvage. » Le concept du taxi-brousse que j’ai créé, c’est de ramener des voyageurs à destination. Comme c’est multi-joueurs, on peut faire des convois. Mais le jeu tend à évoluer. J’aimerais vraiment rajouter cette sensation d’être dans un vrai camion et de ressentir les secousses, la pluie, de rouler dans la boue… C’est encore du travail mais j’y arriverai.

Réaction des « gamers » ?
Beaucoup aiment et beaucoup détestent, je ne sais pas pourquoi d’ailleurs ! D’autres estiment que c’est cher alors qu’ils ne se rendent pas compte du temps que je passe dessus. Pour tout vous dire, ça fait presque quatre ans que je n’ai pas vu Analakely ! Mais je suis content du résultat. J’ai des clients en France, en Allemagne, en Russie et en Croatie. Ils adorent le jeu puisque ce sont des paysages qu’ils ne voient pas tous les jours. Mon prochain projet est de réaliser un jeu avec les taxis, les bus, les taxi-brousse et les camions.


Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

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Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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