Takodah & Ngah B : Le duo qui fait boum !
1 août 2022 // Musique // 9589 vues // Nc : 151

26 ans au compteur ! Takodah & Ngah B n’a pas pris une ride. Le duo a repris le chemin de la scène en juin dernier à la Teinturerie à Ampasanimalo pour le plus grand plaisir de leurs fans qui n’ont pas hésité à entonner ensemble leurs plus gros tubes : « Mpandova velona », « Horohoro Jadona » ou encore « Amidy ve ny tany. »

Tout comme le vin, ces deux frères se bonifient avec le temps. Ils n’ont rien perdu de leur énergie et ont gardé cette philosophie « Haintso Haintso Fahatsiarovantena, Haintso Haintso Fahaleovantena ». Formé en 1996, le duo a été un des précurseurs du rap conscient à Madagascar. « À l’époque, on appartenait à un groupe Gadran’K (Gadran’ny Kanto) avec deux autres potes, Ice et Paiz, on s’est connu sur les bancs de l’école. Mais, il ne reste plus que Ngah B et moi. C’était vraiment les débuts du rap, on écoutait 2Pac ou encore Wu-Tang Clan », se rappelle Takodah. Et depuis, ils ont créé leur propre univers avec des textes agressifs mais réfléchis. Des sons parfois brutaux qui sont la signature de Takodah.

Leur rap est considéré comme du Boom bap, un courant musical du rap East Coast, né dans le milieu des années 80 à New York. Il fait référence au son de la grosse caisse et de la caisse claire ainsi qu’à des samples diffusés en boucle à une vitesse de 90 bpm (battements par minute). « Je pense que notre particularité, c’est le tempo qui est assez lent. On a des sons très bruts comme des sons avec plus de mélodies. Mon inspiration, c’est vraiment tout, mais sûrement pas la nuit, ça c’est fait pour dormir. Je n’ai pas de filtre, j’écoute tous les genres de musique, je m’inspire également des films. » Par exemple Dobo Miandry ny Farany (DMF), a été écrit grâce au film dramatique d’Alexandre Abela réalisé dans le Sud, près de Faux Cap de Madagascar intitulé Makibefo, une adaptation originale du Macbeth de Shakespeare. « Il a été diffusé au CCAC en 2001. C’est l’histoire d’un homme qui est arrivé au pouvoir par le sang et qui sera détrôné par le sang. On a bien aimé le film, on s’est dit que ce serait intéressant d’en faire une chanson et parler du Karma. »

Même 26 ans après, leurs chansons sont toujours d’actualité, ça parle de politique, d’injustices, de vie quotidienne… Ils estiment être les oreilles, la bouche et les yeux de la société. Et c’est pour cela qu’ils ne mettent jamais de vulgarité dans leurs textes. « Je me rappelle d’un mec qui nous a raconté qu’une de nos chansons, Io lahatra Io (C’est le destin) lui a permis d’avoir le bac après avoir échoué trois fois », se marre Ngah B. « Pour dire que les mots sont puissants. Je pense que c’est pour cette raison que notre public est toujours aussi présent. D’ailleurs, beaucoup de jeunes nous suivent et la plupart sont les enfants de nos fans. »

Mais comment voient-ils le rap aujourd’hui ? Le duo est d’accord sur le fait que les jeunes générations ont de la chance et beaucoup d’opportunités que ce soit au niveau des scènes, des plateformes de diffusion, et les réseaux sociaux y jouent beaucoup. « À notre époque, on mettait des jours avant que cela arrive au niveau des auditeurs puisqu’il fallait prendre rendez-vous à la radio pour ramener les cassettes et espérer être diffusé ! » Aujourd’hui, on parle de trap, de drill…des nouveaux styles de rap qui ne les laissent pas indifférents. « Nous avons créé notre propre univers, on n’a pas envie de sortir de notre zone de confort pour le moment. Mais peut-être qu’un jour... De toute façon, chacun vit et crée en fonction de son époque, on n’a pas de limites. Vous savez qu’à nos débuts, beaucoup n’aimaient pas notre rap, on le considérait comme du horrorcore. On était également les premiers à faire du rap acoustique, et les puristes étaient choqués. Aujourd’hui, le rap acoustique est tendance. La musique vit, elle évolue. » En attendant, Takodah & Ngah B sont prêts à reprendre le mic et réaliser une tournée nationale pour les prochains mois, histoire de réécouter leur premier album Vary Gasy avant la préparation du second opus.


Aina Zo Raberanto

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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