Opération Bokiko : Ressusciter le livre
11 septembre 2023 // Assos // 3881 vues // Nc : 164

Rabearivelo, Raharimanana, ou encore Ravaloson, les noms qui viennent immédiatement en tête quand on parle de littérature malgache dans les salons internationaux. Pourtant, les nouvelles plumes ne manquent pas. L’association Opération Bokiko s’est donné comme mission de dénicher et d’accompagner ces jeunes talents. Elle ne se limite pas à appuyer les auteurs dans la création, c’est toute la chaîne du livre malgache qu’elle veut ranimer. Des ateliers d’écriture aux festivals internationaux, en passant par les coulisses de l’édition locale, Opération Bokiko pave le chemin vers une industrie du livre digne de ce nom.

Opération Bokiko est le fruit d’une révélation. Après un concours littéraire organisé dans le cadre du sommet de la francophonie en 2017, les organisateurs ont découvert des pépites, dont Mampianina Randria qui est aujourd’hui une auteure publiée. C’est pour les lancer dans l’écriture que l’éditeur Manantsoa Raparison et l’écrivaine Michèle Rakotoson ont fondé Opération Bokiko. « Il y avait cette idée de soutenir les lauréats, de les coacher et de les former, pour qu’ils soient vraiment des écrivains. », raconte la présidente de l’association, Holy Danielle Rabehaja. Depuis, l’association multiplie les initiatives pour les auteurs en herbe. « Nous organisons des ateliers à chaque deuxième samedi du mois à l’Ivon-toeran’ny Kolontsaina Malagasy (Centre Culturel Malgache). Là, nous faisons appel à des écrivains ‘professionnels’, c’est-à-dire ceux qui ont déjà sorti leurs livres. Nous dirigeons ceux qui ont des projets littéraires, malgachophones ou francophones. Face à l’angoisse de la page blanche qui peut durer des mois, nous nous soutenons entre nous. »  

Hors des murs, les membres parcourent la Grande Ile à la chasse aux talents, comme le rapporte Holy Danielle. « Lors d’un atelier d’écriture que j’ai animé au sein d’un CEG dans la campagne d’Ambositra, une fille était en larmes. En fait, elle ne se doutait pas que l’écriture pouvait être autre chose qu’un travail sérieux, de la même façon que l’école est sérieuse. Elle a découvert qu’elle pouvait exprimer ses émotions de cette façon, et jusqu’à maintenant, elle continue à m’envoyer ses textes.»

Côté édition, Opération Bokiko joue la carte de l’édition solidaire, c’est-à-dire une collaboration avec différents acteurs du livre, pour alléger les coûts tout en respectant les normes de l’édition. Une décision que la présidente justifie par le contexte à Madagascar. « Au début, nous avons édité les œuvres des membres ; mais nous ne pouvons pas continuer à cause de notre statut d’association. Alors, nous collaborons avec diverses maisons d’édition. De cette façon, les livres auront un ISBN (International Standard Book Number) ».

Mais qu’est-ce qu’une œuvre d’art sans son public ? Opération Bokiko, c’est aussi une initiative pour démocratiser l’amour de la littérature au reste de la société, le maillon qui boucle la chaîne du livre, hors des milieux littéraires traditionnels. Pour cela, la présidente supervise des caravanes de livres. « L’idée c’est d’aller dans des endroits enclavés de Madagascar. Dans les petites villes, la place publique est très animée le jour du marché, nous y allons pour vendre des livres, pour apprendre aux localités à les aimer. Nous voulons découvrir quels livres intéressent les paysans. » Une approche décentralisée qui commence tout juste. « Nous organisons un salon du livre et de la culture à Mahajanga. Depuis l’année dernière, il y en a aussi pour les paysans à Andriampamaky, actuellement nous travaillons sur un projet pilote là-bas. » A l’international, l’association envoie des membres au festival du premier roman à Laval (France). Avec ses projets de grande envergure, Opération Bokiko écrit les prochaines pages de l’histoire de la littérature malgache.

Propos recueillis par  Mpihary Razafindrabezandrina
Contact : +261 34 144 20 44

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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