Manoa Radonason Voix de basse
2 février 2023 // Musique // 8240 vues // Nc : 156 - 157

À 23 ans, elle est une des plus jeunes musiciennes à écumer les scènes de jazz. Avec sa basse (quatre cordes) et sa voix (deux cordes), elle s’impose dans un milieu qui n’est pas toujours tendre avec les femmes. devenir la nouvelle Esperanza Spalding de la «six cordes» demande, certes, de l’obstination !

Elle a commencé par le piano en prenant des cours chez Rajaofetra, puis elle s’est mise à la guitare et finalement la basse est devenue son instrument. Peut-être en souvenir de celle qui traînait chez elle quand elle était toute petite. « Personne n’y jouait. J’aimais ce son grave sur lequel tout repose. Dans une chanson, c’est la fondation, comme dans une maison. » Famille de musicos. Sa mère est cheffe de chœur et son père joue de la guitare. À la maison, on écoute volontiers du classique et du jazz. « Ce que j’aime dans le jazz, c’est le sens du partage. Dans les improvisations, tous les musiciens et les chanteurs sont en communion. »
C’est en 2016 qu’elle entre professionnellement dans le milieu de la musique en intégrant le Jazz Club du Centre germano-malgache (CGM), puis participe au festival Madajazzcar ainsi qu’au Nosy Be Jazz Festival. Le goût du swing décontracté et bien balancé ne l’empêche d’aller écouter d’autres sons, du funk et du rock principalement.

Elle se rend compte surtout qu’il est tout à fait possible de mélanger les genres ! C’est ainsi qu’en 2020, elle s’ouvre à des collaborations avec le beatboxer Tsiry Kely Panda et le guitariste Poon Andriambelo. Ensemble, ils créent Loop Gang qui évolue dans un registre plutôt électro. « L’univers de Tsiry Kely était nouveau pour moi. Faire danser les gens m’a apporter une autre sensation. » On la verra aussi accompagner l’univers pop-rock du chanteur Mirado et le R’n’B de Teddy Prézeau : « Des expériences qui m’ont permis d’évoluer dans ma façon de penser et de jouer, avec toujours cette idée de partage. »

Mais le jazz reste sa grande passion. Que ce soit devant ou derrière la scène. Ainsi, elle est aujourd’hui l’une des organisatrices du Jazz @Tohatohabato avec le Jazz Club du CGM. « C’était un de mes rêves d’y jouer et maintenant, je l’organise, une de mes grandes fiertés ! » Sa signature c’est la quatre cordes - ou plutôt la six cordes si on y ajoute… ses deux cordes vocales ! Un exercice pas du tout facile d’ailleurs, surtout quand on s’insère dans groupe avec une structure à suivre préétablie. « Je suis membre de Big Band Kely, une formation de cuivres qui exige de nombreuses répétitions car il faut apprendre des chansons et des techniques spécifiques… »

Ses références sont évidentes : Esperanza Spalding, Carol Kaye, Ida Nielsen (Bass Ida) pour les nanas et les incontournables Jaco Pastorius, Michel Alibo, Richard Bona pour les mecs. Quand on lui dit que le jazz est parfois difficile à écouter, trop abstrait pour qui n’a pas les codes, elle est d’accord. « Il faut commencer par écouter les standards, Armstrong, Ellington, Count Basie pour habituer ses oreilles. Ne pas aller tout de suite à Miles Davis ou Coltrane, encore que !  Personnellement, je n’apprécie pas trop le free jazz, j’aime beaucoup jouer les accords et j’adore les chansons Kalon’ny fahiny (chansons anciennes) de Lalatiana ou de Fanja Andriamanantena. »  Avec la nouvelle année, la jeune femme avoue être dans une phase de composition intense qui aboutira sûrement à un projet personnel.  Mais pour l’instant elle préfère n’en parler qu’à voix basse…

Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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