Gasy BD : Le manga qui sent le koba
8 décembre 2025 // Arts Plastiques // 350 vues // Nc : 191

Du shōnen, du shōjo et cette impression de voir nos mangas préférés mais là… c’est fait par des Malgaches. Katty Raharvel, initialement illustratrice, a réuni, cette année, moins d’une dizaine de passionnés, des bédéistes et scénaristes pour créer des histoires indépendantes labellisées Gasy BD ou bandes dessinées malgaches.

Qu’est-ce que le Gasy BD ?
C’est un label pour recenser les différents types de bandes dessinées. En mars, cette année, j’ai été invitée à la Rencontre internationale de la bande dessinée au Bénin. Avant, la BD y était sous-cotée, comme à Madagascar, mais il y a deux ans, une association de storyboarders a commencé à en produire. Je me disais qu’on avait le potentiel pour faire pareil ici. Plus tard, j’ai discuté avec un historien de la BD d’Afrique, il m’a dit que, si on voulait la relancer, la meilleure idée serait de faire comme les Japonais, en format manga pas cher, joli et pour la population. J’ai donc organisé un concours de bédéistes et de scénaristes à l'Aegyo Show en mai pour revenir avec une dizaine de jeunes très motivés. On a commencé avec Rakitra faingo, une compilation de sept histoires en A5. Cette fois, en décembre, chacun aura son propre livre en A6, cinq histoires disponibles à l'événement Aegyo Show.

Pourquoi un format « bâtard » ?
Ce n’est pas un format de BD normal. À Madagascar, aller dans une maison d’impression revient plus cher, alors qu’avec les cybercafés à gauche à droite ici et un A4, on peut faire plusieurs A6. Ce n’est pas aux normes… mais ce n’est pas un problème, c’est plus simple, plus rentable, il y a de l’esthétique et c’est assez facile à mettre en œuvre. Par contre, la lecture orientale – de droite à gauche – n’est pas évidente pour le public malgache, donc on a opté pour l’occidental. Ce n’est pas vraiment du manga, mais ce n’est pas entièrement de la BD… c’est de la BD, mais en noir et blanc, écrite dans le style manga parce qu’on est tous fans de manga ici. Sur 80 à 150 pages, chaque artiste a son style et sa méthode de travail.

Vous racontez des histoires malgaches…
Nous visons plutôt la jeunesse, les adolescents. C'est tout bête, mais je l’ai entendu au Bénin : les Japonais ne vont jamais lire des histoires sur le Japon écrites par des Africains. Eux, ce qu’ils veulent savoir, c’est comment nous vivons, et c’est pour ça qu’il faut montrer la réalité des choses.

Nous mangeons du koba, ils le découvriront par les mangas, comme nous avec leurs ramens ! C’est aussi un combat culturel ! L’objectif, c’est d’arriver à les mondialiser. La seule condition chez Gasy BD, c’est d’insérer une petite touche malgache : un paysage, un nom, un proverbe… dans des histoires en français pour toujours cibler les jeunes. Nous sommes actuellement neuf, dont sept illustrateurs et deux scénaristes, tous autodidactes.

Quel environnement pour les jeunes illustrateurs à Madagascar ?
C’est difficile de travailler avec les maisons d’édition pour les jeunes illustrateurs non professionnels, leurs projets ne seront pas forcément validés et ils devront tout le temps les refaire. De plus, l'édition nous reviendrait plus cher, alors que nous voudrions vulgariser le manga auprès des jeunes d’écoles publiques. On fait en sorte que les illustrateurs puissent gagner de l’argent avec les petits gains des livres. La vraie difficulté, c’est qu'il n'y a pas eu de transmission. Avant, il y avait des artistes comme Raparivo qui ont formé les artistes émergents. Une génération plus récente, avec un style franco-belge, l’a également fait, et un peu avant nous, il y avait des illustrateurs spécialisés en manga, mais ils ont disparu. Avec cette nouvelle génération que j’ai prise sous mon aile, je remarque qu’ils n’ont rien… à part Internet, qui est chargé d’informations. Mais on apprend et on espère que nos histoires iront partout à Madagascar et dans le monde, on veut vendre des rêves accessibles à tout le monde.

Propos recueillis par Rova Andriantsileferintsoa

Facebook : Gasy BD – le label (BDmalagasy)
Contact : +261 34 04 462 82

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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