Jean-Eric Duluc : « Madagascar, joyau insoupçonné du tourisme mondial »
3 juin 2025 // Entreprendre // 3914 vues // Nc : 185

Au mois d’avril, Jean-Éric Duluc, président de la Fédération Internationale du Tourisme, était de passage à Madagascar. Spécialiste en matière de tourisme, il croit très fort aux potentiels dont dispose la Grande-Île.

Pourriez-vous nous présenter la FIT ?
Fondée en 1947 sous l’impulsion du général de Gaulle, la Fédération internationale du tourisme (FIT) est née dans un monde à reconstruire, avec une idée simple : le voyage peut être un acte de paix. Son objectif ? Tisser du lien entre les peuples, mais aussi structurer une industrie touristique encore balbutiante. Depuis, la FIT accompagne les professionnels du secteur à travers des programmes de formation (en gestion hôtelière, en écotourisme, en sécurité des voyageurs), soutient les initiatives locales, et organise chaque année un grand forum mondial réunissant décideurs, artisans du voyage et chercheurs. À travers nos actions, nous promouvons un tourisme responsable, durable, à taille humaine — loin du consumérisme de masse. Nous délivrons aussi des labels qualité, soutenons des projets d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite, et favorisons le dialogue entre pays via des réseaux professionnels transfrontaliers. Du Monténégro à Madagascar, la FIT reste fidèle à son credo : encourager ceux qui font du tourisme une passerelle plutôt qu’un produit. C’est un peu vieux jeu, mais dans un monde qui va trop vite, ça fait du bien.

Quid de Madagascar ?
Notre mission première en tant que fédération est de rassembler les professionnels du secteur. Notre particularité réside dans notre capacité d'action internationale, permettant de valoriser l'expertise des professionnels à l'échelle mondiale. C'est précisément ainsi que nous participons à la promotion d'une destination comme Madagascar. La Grande Île compte de nombreux experts qualifiés et passionnés, dont le professionnalisme rivalise aisément avec celui d'autres pays de la région. Et nous croyons aux solides potentiels de ce pays en matière touristique. Ce secteur, à lui seul, pourrait élever considérablement l’économie nationale.

Le tourisme comme levier du développement économique ?
C'est une évidence incontestable ! Le tourisme représente généralement un pilier économique fondamental pour tous les pays en développement. Madagascar dispose d'un potentiel colossal qui, selon nous, pourrait la propulser au rang de destination numéro un de l'océan Indien dans les deux ou trois prochaines décennies. J'en suis intimement convaincu. Ma profession m'amène à parcourir le monde, mais Madagascar se distingue indéniablement par sa singularité : une biodiversité inestimable, une mosaïque de paysages époustouflants, un patrimoine culturel unique et une faune et une flore endémiques remarquables. Cette unicité constitue sa force principale sur le marché touristique mondial.

La Grande-île comme hub en matière d’écotourisme ?
Absolument, c'est un atout supplémentaire majeur pour le pays ! Madagascar pourrait même être considérée comme pionnière dans ce domaine. De nombreuses ONG s'intéressent aux méthodes employées par les professionnels malgaches pour concilier protection environnementale et développement économique local. Au-delà de l'excellent travail de ces experts, je tiens à saluer particulièrement l'engagement des populations locales qui, malgré des ressources limitées, démontrent une conscience écologique remarquable et déploient des initiatives de préservation de leur patrimoine naturel. L'écotourisme représente véritablement une solution duelle, permettant simultanément la conservation des écosystèmes et le développement durable du pays.

Et en matière de tourisme de luxe, Madagascar a-t-il son mot à dire ?
Le potentiel existe incontestablement, bien qu'il s'agisse actuellement d'un secteur de niche, contrairement à des destinations prisées comme le Moyen-Orient ou l'Asie. Des établissements haut de gamme existent déjà, mais restent relativement confidentiels, accueillant principalement des célébrités, des sportifs de haut niveau et des personnalités du spectacle. Il convient de noter que la conception du luxe a évolué : au-delà de l'opulence, le luxe contemporain privilégie la tranquillité, la durabilité et l'écoresponsabilité – des atouts que Madagascar peut offrir avec une authenticité inégalée.

Quelle position occupe actuellement Madagascar dans le panorama touristique mondial ?
Soyons francs, Madagascar est malheureusement loin d'occuper la place qu'elle mériterait. J'ai proposé un slogan que j'offre volontiers aux autorités : « Madagascar, le trésor de l'océan Indien ». Avec 5 000 kilomètres de côtes, l'île n'a rien à envier aux plus prestigieuses destinations tropicales mondiales. Elle offre une diversité de paysages maritimes exceptionnelle, sans même mentionner ses richesses terrestres. Les emblématiques baobabs et les impressionnants Tsingy figurent parmi les attractions les plus prisées des visiteurs internationaux.

Selon vous, quels sont les défis à relever ?
Trois axes majeurs nécessitent une attention particulière pour accompagner efficacement le développement touristique du pays. Premièrement, la sécurité constitue un prérequis fondamental. Les touristes doivent se sentir en sécurité tant dans les zones urbaines que dans les régions isolées, où se trouvent pourtant des sites d'exception. Malheureusement, ce facteur représente actuellement un frein considérable pour de nombreux visiteurs potentiels. Deuxièmement, l'amélioration des infrastructures routières demeure essentielle, car la découverte du pays passe nécessairement par le transit entre ses différentes régions. Enfin, le volet sanitaire revêt une importance capitale. Garantir un accès minimal aux services d'urgence médicale s'avère indispensable, bien que cette couverture ne soit pas encore universelle sur le territoire. J'ajouterais qu'impliquer les communautés locales dans les initiatives touristiques permettrait simultanément de créer des emplois durables et de préserver l'environnement, conformément aux principes fondamentaux de l'écotourisme.

Propos recueillis par Emerick Andriamamonjy

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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