Rafaly : Silent, ça tourne
16 août 2025 // Métiers & Petits Métiers // 3263 vues // Nc : 187

On le voit tous les jours assis à même le trottoir, derrière des outils et des tas de pièces en caoutchouc. À Ambodivona, du lundi au samedi, tôt le matin jusqu’à tard l’après-midi, il se positionne comme le guru des automobilistes et motards agacés par les bruits des pièces métalliques qui s’entrechoquent. Ses « silanblok » (silent-block) artisanaux – fabriqués sur mesure – sont de véritables calmants. Pour les véhicules et leurs conducteurs.

« Mila silanblok ve ramose ? » (Besoin de silentblocs, Monsieur ?), s’empresse de demander Rafaly, dès qu’un passant ou un automobiliste tourne son regard dans sa direction. Son métier, depuis cinq ans, consiste à fabriquer – manuellement – ces pièces en caoutchouc qui servent à absorber les vibrations et les chocs entre les pièces mécaniques des voitures et des motos. « Et surtout, à réduire les bruits et améliorer le confort de conduite », s’insurge-t-il en ajoutant quand on explique mal ce qu’est un silentbloc. Passionné par ce qu’il entreprend, l’homme, dans la quarantaine, confie que son travail paie bien. « Bien qu’il ne soit pas difficile du tout », dit-il tout en peaufinant le caoutchouc pour la suspension du SUV garé juste à côté de lui.

Le plus difficile serait d’aller dénicher – un peu partout – des chutes de pneus, sur lesquelles il va couper un bout pour fabriquer les silentblocs demandés. « Il ne faut pas prendre n’importe quel pneu. Seuls ceux des gros engins font l’affaire », précise-t-il. Équipé d’un fraiseur qu’il a lui-même fabriqué, d’une panoplie de couteaux, de quelques boîtes de colle et d’autres outils encore, Rafaly – aidé d’un jeune assistant – prend 15 à 20 minutes pour réaliser la pièce commandée. « Il suffit juste que le client nous montre le modèle de la pièce à fabriquer, et le tour est joué. Avec nous, il n’y a pas de commande trop difficile ou irréalisable. Ici, c’est “satisfait ou satisfait” », lance-t-il, publicitaire. Pour ce qui est des tarifs, ça dépend de la taille et de la rareté du silentbloc. Ça part de 3 000 ariary à plus de 40 000 ariary la pièce. Comme tout métier, la fabrication de silentblocs connaît des jours avec et des jours sans. « La saison faste, c’est l’été. Les nids-de-poule sur nos routes en sont la cause », fait-il savoir.

Ce métier, Rafaly l’a appris d’un aîné. Et alors qu’il travaille depuis cinq ans pour son propre compte, il prend régulièrement des apprentis pour les former. « C’est facile. Il suffit de regarder et de suivre les directives », lance-t-il, l’air serein. Rafaly n’a point peur de transmettre ses compétences aux plus jeunes, qui seront – sans aucun doute – ses propres concurrents dans peu de temps. « Ils maîtriseront les techniques. Mais moi, j’ai mes clients fidèles qui me choisiront toujours grâce à mon sérieux et à la qualité de mon travail », confie-t-il.

Rova Andriantsileferintsoa

Contact : +261 38 737 36

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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