Famorana : Plus qu’un simple coup de ciseaux
24 septembre 2025 // Soatoavina // 1991 vues // Nc : 188

À Madagascar, le Famorana – la circoncision traditionnelle – n’est pas qu’un geste chirurgical. C’est un véritable rite de passage, le basculement symbolique de l’enfance vers l’âge d’homme. Hérité des Ntaolo, les ancêtres, ce rituel mêle croyances, pratiques médicales empiriques et dimension communautaire. Il continue d’occuper une place centrale dans l’imaginaire collectif malgache, malgré la modernisation des pratiques médicales.

Au-delà de l’acte, la tradition prescrit des règles précises. Le choix de la période n’est jamais anodin : la circoncision doit avoir lieu durant la phase décroissante de la lune. L’idée est profondément symbolique : ôter le prépuce revient à se délester de ce qui est considéré comme impur, pour laisser place au « bon ». À cela s’ajoute une règle stricte : le jour choisi ne doit pas coïncider avec celui de naissance de l’enfant. Si ce dernier est né un jeudi, l’opération ne saurait être programmée ce même jour. Enfin, l’hiver austral – période fraîche et sèche – est considéré comme le moment le plus propice. Les plaies cicatrisent mieux, réduisant ainsi les risques d’infection.

Ces précautions ne relèvent pas de simples superstitions. Longtemps pratiqué par des ombiasa (guérisseurs) ou des mpanandro (devins), le Famorana visait à protéger l’enfant des complications post-opératoires. Dans les villages, la cérémonie s’accompagnait de bénédictions et de formules rituelles. Le fameux souhait “Aza ela fery” – littéralement « que la plaie ne dure pas » – s’inscrivait autant dans le registre médical que spirituel.

Mais au-delà de la santé, le Famorana engage tout un avenir. L’enfant, devenu homme, est appelé à prendre un jour la tête d’une famille, perpétuant ainsi la lignée et consolidant la société malgache. Le rite n’est donc pas seulement une affaire individuelle : il est un ciment social, un passage obligé vers la responsabilité et la citoyenneté.

Aujourd’hui encore, entre cliniques modernes et pratiques traditionnelles, le Famorana conserve toute sa force symbolique. Preuve que, dans une société en pleine mutation, certains gestes restent intangibles : ceux qui forgent l’identité.

Radamaranja

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Prise de vue : no comment® studio 
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Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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