Famorana : Plus qu’un simple coup de ciseaux
24 septembre 2025 // Soatoavina // 1816 vues // Nc : 188

À Madagascar, le Famorana – la circoncision traditionnelle – n’est pas qu’un geste chirurgical. C’est un véritable rite de passage, le basculement symbolique de l’enfance vers l’âge d’homme. Hérité des Ntaolo, les ancêtres, ce rituel mêle croyances, pratiques médicales empiriques et dimension communautaire. Il continue d’occuper une place centrale dans l’imaginaire collectif malgache, malgré la modernisation des pratiques médicales.

Au-delà de l’acte, la tradition prescrit des règles précises. Le choix de la période n’est jamais anodin : la circoncision doit avoir lieu durant la phase décroissante de la lune. L’idée est profondément symbolique : ôter le prépuce revient à se délester de ce qui est considéré comme impur, pour laisser place au « bon ». À cela s’ajoute une règle stricte : le jour choisi ne doit pas coïncider avec celui de naissance de l’enfant. Si ce dernier est né un jeudi, l’opération ne saurait être programmée ce même jour. Enfin, l’hiver austral – période fraîche et sèche – est considéré comme le moment le plus propice. Les plaies cicatrisent mieux, réduisant ainsi les risques d’infection.

Ces précautions ne relèvent pas de simples superstitions. Longtemps pratiqué par des ombiasa (guérisseurs) ou des mpanandro (devins), le Famorana visait à protéger l’enfant des complications post-opératoires. Dans les villages, la cérémonie s’accompagnait de bénédictions et de formules rituelles. Le fameux souhait “Aza ela fery” – littéralement « que la plaie ne dure pas » – s’inscrivait autant dans le registre médical que spirituel.

Mais au-delà de la santé, le Famorana engage tout un avenir. L’enfant, devenu homme, est appelé à prendre un jour la tête d’une famille, perpétuant ainsi la lignée et consolidant la société malgache. Le rite n’est donc pas seulement une affaire individuelle : il est un ciment social, un passage obligé vers la responsabilité et la citoyenneté.

Aujourd’hui encore, entre cliniques modernes et pratiques traditionnelles, le Famorana conserve toute sa force symbolique. Preuve que, dans une société en pleine mutation, certains gestes restent intangibles : ceux qui forgent l’identité.

Radamaranja

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Mada fait son cinéma

Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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