Le Famadihana – Quand les ancêtres reviennent parmi nous
23 juillet 2025 // Soatoavina // 254 vues // Nc : 186

Le Famadihana – littéralement « retournement des morts » – n’est pas une simple tradition funéraire. C’est un moment d’exception, suspendu entre le visible et l’invisible, une rencontre entre les vivants et leurs ancêtres. Un dialogue silencieux mais puissant, où les morts quittent un instant le silence du tombeau pour revenir au cœur de la vie familiale.

Dans la culture malgache, le lien aux ancêtres dépasse le cadre du souvenir. Il est fondement. Pacte. Force invisible qui unit les générations. Le Famadihana en est la manifestation la plus solennelle. Tous les quelques années – trois, cinq, sept, neuf ou onze, toujours en nombre impair – les membres d’une même lignée se retrouvent autour du tombeau familial. On y sort les corps, on renouvelle leurs linceuls, on les hisse dans une liesse rituelle qui mêle respect, ferveur et tendresse.

Le rituel s’étend généralement sur trois jours. Le premier est consacré à l’accueil des invités : parents éloignés, amis, voisins, alliés. On partage le vary be menaka, ce riz parfumé cuisiné avec générosité, dans une atmosphère de retrouvailles, de musiques et de chants traditionnels. Le hira gasy, théâtre musical typiquement malgache, résonne en toile de fond. Le deuxième jour, les invités participent à une collecte appelée aterin-ka alaho. Chacun donne selon ses moyens pour contribuer aux frais. Ce système de solidarité, fait de dons et de contre-dons, s’inscrit dans la logique du fihavanana – cet esprit de fraternité et d’entraide profondément enraciné dans la culture malgache.

Le troisième jour est le sommet du rituel. On ouvre le tombeau, on retire les corps enveloppés dans leurs anciens tissus, qu’on remplace par de nouveaux linceuls blancs. Ce geste n’est ni morbide ni triste. Il est empreint de respect. On enlace les restes avec délicatesse, comme on prend soin d’un aïeul encore présent. Les kabary (discours cérémoniels), les pleurs, les rires et les chants accompagnent ce moment fort, qui renoue les vivants à leur passé commun. Mais le Famadihana n’est pas que souvenir. C’est aussi une structure sociale. Il permet aux familles éclatées par l’exode rural ou l’émigration de se retrouver. Il affirme l’identité collective, transmet les valeurs et réactive le tissu communautaire. Aujourd’hui encore, malgré les critiques ou les mutations sociales, le Famadihana résiste. Parce qu’il rappelle l’essentiel : nos morts ne sont jamais partis. Ils vivent dans nos gestes, nos choix, nos mémoires. Tant qu’on les honore, ils continuent de veiller.

Radamaranja

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Chaque mois de juillet, un phénomène saisonnier bien malgache s’observe : la migration estivale des familles tananariviennes vers leurs villages d’origine. Loin du bitume, des bouchons et de la Jirama capricieuse, c’est le grand plongeon anthropologique. À l’arrivée, les enfants ouvrent des yeux ronds : « Quoi, on peut faire bouillir de l’eau sans micro-ondes ? » Feu de bois, bassine en plastique et douche à ciel ouvert deviennent soudain les nouvelles technologies de pointe. On redécouvre que l’on peut cuisiner sans vitro-céramique, que les zébus ont toujours la priorité, et que l’eau du puits, ça muscle les bras et l’esprit. Quant au réseau mobile, il s’obtient en grimpant dans le manguier le plus proche. Mais attention, pas question de se moquer. Ce retour aux sources est aussi retour à l’essentiel : repas partagés, récits de grand-mère, jeux sans écran. Et en bonus, un stage intensif en autonomie énergétique, bien utile pour affronter les coupures à Tana. Finalement, c’est peut-être le village qui est le plus en avance. Bonnes vacances… et bon bain (à la bassine) !

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