Dr Élodie Ranjanoro (Compassion Madagascar) « Méthode mère-kangourou, une alternative à la couveuse »
8 août 2022 // Assos // 4597 vues // Nc : 151

Depuis près de dix ans, le Dr Élodie Ranjanoro se bat pour la sensibilisation à dans le cas de naissances prématurées. Elle fait partie des soins les plus adaptés pour réduire le stress de l’enfant prématuré, l’aider à mieux respirer et à prendre rapidement du poids.

À Madagascar, chaque année, 118 000 nouveau-nés sont prématurés et 5 400 enfants de moins de 5 ans meurent de complications liées à la naissance prématurée, selon une étude réalisée par Every Preemie, un consortium de l’Alliance mondiale pour la prévention de la prématurité et de la mortinatalité. C’est dire que la méthode mère-kangourou devrait être d’utilité publique. Elle est inventée en 1978 dans une maternité de Bogota, en Colombie, par le pédiatre Edgard Rey Sanabria, après avoir lu un livre sur les kangourous. Il fait le rapprochement avec les bébés kangourous dans la poche de leur mère – en quelque sorte des prématurés - et constate que le contact peau à peau apporte des effets positifs chez les prématurés.

À l’image des bébés kangourous bien au chaud dans la poche de leur mère, les nourrissons prématurés peuvent eux aussi être portés par leur maman, peau contre peau, pour leur donner de la

chaleur et servir ainsi de couveuse naturelle. Grâce à cette méthode, ces enfants prennent plus facilement du poids contrairement à ceux qui sont placés en couveuse. Les enfants prématurés naissent avant la 37ème semaine de grossesse et pèsent moins de 2 500 grammes. « Pendant près de vingt ans, les pays riches ont toujours considéré cette méthode comme celle des pays pauvres car les couveuses coûtent cher », souligne Dr Ranjanoro. Mais les Français et les Canadiens ont depuis fait des recherches, notamment le Dr Nathalie Charpak qui réside actuellement en Colombie, et tous s’accordent à reconnaître que cette technique est de plus bénéfique pour l’enfant et la mère sur le plan psychologique.

« Les mères sont en relation directe avec leur enfant dès le premier jour, on ne les leur retire pas pour les mettre en couveuses, donc le lien se crée tout de suite. Dès qu’un enfant est placé en couveuse, il subit un stress, un traumatisme psychologique. Il recherche l’odeur de sa mère, le bruit, les battements du cœur, des choses qu’il a vécues dans le ventre de sa mère. Et subitement, il se retrouve dans une couveuse, il est en état de choc. La méthode peau à peau est une très bonne alternative pour que l’enfant retrouve cet environnement prénatal. » Toutes les études le confirment, les enfants ayant bénéficié de cette méthode sont plus stables psychologiquement, même en devenant adultes, et réussissent mieux dans leur vie professionnelle.

« Dès qu’un prématuré est placé en couveuse, il subit un traumatisme psychologique »

À Madagascar, cette technique a été importée dans les années 2000 par le Dr Yvonne Ranaivoson de l’hôpital Befelatanana, à Antananarivo. Une pédiatre japonaise a également développé cette méthode à l’hôpital de Mahajanga. Le Dr Ranjanoro s’étonne donc que cette technique ne soit pas plus répandue en pédiatrie. « Jusqu’en 2015, on avait l’habitude d’utiliser des bouteilles d’eau chaude comme des bouillotes. C’est efficace mais à très court terme car quand l’eau se refroidit, l’enfant risque l’hypothermie si elle n’est pas changée rapidement. » Intéressée par cette méthode, elle part se former en Colombie puis l’intègre dans le programme d’action de Compassion Madagascar, son association qui vient en aide aux enfants des milieux défavorisés. « Depuis près de neuf ans, nous faisons des actions de sensibilisation pour que les personnels médicaux maîtrisent la méthode mère-kangourou.  Nous recevons une trentaine de demandes d'aide au quotidien. »

Dans un pays où les gens évitent les centres de santé, faute de moyens financiers, l’association mène des opérations de sensibilisation auprès de la population pour l’inciter à accoucher dans ces centres. « Nous avons accompagné 24 centres de santé de base et CHU depuis 2013 sur les 2 700 qui existent à Madagascar. Le but est d'implanter ce projet dans plus de 2 000 centres de santé dans tout le pays. » En plus du projet mère-kangourou, le Dr Ranjanoro s’occupe de l’accompagnement d’enfants non scolarisés afin qu’ils retournent sur les bancs de l’école, avec un soutien alimentaire. Dans ce cadre, des parrains à titre individuel ou une entreprise peuvent choisir le nombre d'enfants qu'ils souhaitent soutenir. « Actuellement, 125 enfants sont dans ce programme mais nous souhaiterions en toucher des des milliers. » À vous de voir.


Aina Zo Raberanto

En chiffres
(PASTILLE) 118 000 naissances prématurés, chaque année
(PASTILLE) Chaque année, 5 400 enfants prématurés meurent à la naissance.
(PASTILLE) Le nombre de prématurés survivants présentant des déficiences est de 2 900 par an
(PASTILLE) Première cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans.
(PASTILLE) 16 % des bébés naissent avec un poids inférieur à 2 500 g  
Source : www.everypreemie.org

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Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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