Corduroy : Côte que coûte
9 novembre 2025 // Mode & Design // 251 vues // Nc : 190

C’est un tissu qu’on croyait rangé dans les armoires de nos grands-parents. Et pourtant, le voilà revenu sur toutes les silhouettes, des podiums aux friperies. Le velours côtelé, ou corduroy pour les initiés, refait surface avec un aplomb tranquille, un peu comme un vieux copain qu’on redécouvre sous un jour plus stylé.

Des jupes, des vestes oversize, des sacs à dos ou même des housses de canapé : sa texture à stries a conquis autant les jeunes créateurs que les décorateurs d’intérieur. Bryan Raobison, fondateur de la marque Simplor, en a fait sa matière de prédilection. « J’ai été attiré par sa texture, la douceur au toucher et cette sensation de relief. C’est une matière qui vit, qui respire, et qui permet une grande liberté créative », explique-t-il, caressant un bout de tissu qu’il s’apprête à transformer en veste. Le velours côtelé, c’est un peu la douceur du coton mêlée à la robustesse d’un tissu de travailleur — un mariage entre confort et caractère.

Ce tissu à la fois chic et rustique nous vient de très loin. Son ancêtre, la futaines, remonte au Moyen Âge, probablement en Inde, avant de gagner l’Europe. À la Renaissance, François Ier en fit une étoffe d’apparat, symbole de prestige. Puis l’Angleterre industrielle du XIXᵉ siècle en fit le vêtement du peuple : solide, pratique, bon marché. Le mot corduroy lui-même viendrait de cord (corde) et duroy (tissu de laine), un clin d’œil à son tissage en fines colonnes, appelées «côtes»

Aujourd’hui, les maisons comme Yves Saint-Laurent, Gucci, Prada ou A.P.C. s’en emparent pour leurs collections automne-hiver. Et sur les tapis rouges, des icônes comme Harry Styles ou Timothée Chalamet osent le costume en velours côtelé, réconciliant vintage et modernité.

Derrière son allure tranquille, le velours côtelé cache un vrai savoir-faire. Ce tissu, composé de coton, de laine ou parfois de polyester, pèse entre 120 et 320 g/m². Assez lourd pour tenir chaud, mais souple et d’une douceur presque caressante. Chaque côte est tissée, coupée, puis brossée pour obtenir ce grain si particulier, à la fois chaud, solide et élégant. Et parce qu’un beau tissu se respecte, il demande un peu d’attention. « Le corduroy, ça se lave en machine, mais tout en douceur, à 30 degrés maximum », explique une créatrice de mode qui prépare une collection entièrement consacrée à cette matière. « On le sèche à l’air libre, jamais en machine, et surtout on le repasse à l’envers, sur un tissu éponge. Le repassage à l’endroit, c’est le meilleur moyen de ruiner sa brillance », explique-t-elle, comme dans un tuto sur Youtube. Une leçon d’amour textile, en somme. À Antananarivo, le mètre de velours côtelé se vend entre 15 000 et 20 000 ariary.

Un prix modeste pour un tissu qui traverse les siècles. Tanteliniaina Ramarozatovo, créatrice de la marque Poezie, y voit « une matière pleine d’âme, entre nostalgie et innovation ». Elle en fait déjà des sacs, bientôt des robes et vestes féminines.

Rova Andriantsileferintsoa

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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