Chifumi : Du Cambodge à Madagascar
3 décembre 2022 // Arts Plastiques // 4786 vues // Nc : 155

Il a participé à la septième édition du Festival Stritarty organisé par l’Alliance Française de Diego-Suarez en octobre dernier. Pour son premier séjour à Madagascar, le graffeur français a été impressionné par la motivation des artistes locaux, malgré le manque de moyens. « Madagascar a clairement une influence asiatique dans sa culture. Malgré les contrastes, je vois des similarités. Les artistes, par contre, ne sont pas influencés de la même manière, le contexte local y est pour beaucoup. »

Chifumi est entré dans le milieu de l’art de rue après des études en communication et   techniques de l’image, doublées d’une école des beaux-arts. « L’idée d’utiliser les méthodes du marketing mais dans une approche centrée sur la créativité graphique et gratuite m’a totalement conquis. J’ai plongé dedans pour la spontanéité et la beauté du geste. Il y avait aussi une sorte de militantisme, on s’en rend compte avec le poids des années. »

Installé au Cambodge depuis une dizaine d’années, Chifumi a grandi en Europe avant d’opter pour l’Asie. « J’ai été conquis par l’univers vibrant et fascinant de ce monde entre l’Inde et la Chine. J’y ai naturellement trouvé une place d’acteur créatif. » Mais sa plus grande source d’inspiration reste le voyage. « Chaque nouvelle destination est prétexte à peindre, pour mieux rencontrer l’ailleurs. S’enivrer de ses saveurs, ses couleurs mais aussi sa sémantique culturelle. J’ai l’habitude d’expliquer mon travail par le concept de traduction culturel. C’est clairement le moteur de mon processus créatif, en prendre plein les yeux sans rien comprendre. L’imagination fait le reste. »

Parfois décrié et ramené à du vandalisme, l’art urbain a pourtant sa place dans nos sociétés post-industrielles. Un moyen d’expression non institutionnel se servant des murs comme supports. Apparu aux États-Unis il y a plus de 50 ans, l’art du « writing » (nom que les graffeurs préfèrent à celui de graffiti) connaît pourtant aujourd’hui une forme d’académisme, faut-il s’en inquiéter ? « Les fresques murales sont partout, les municipalités font la promotion des artistes urbains au même titre que les sculpteurs ou peintres dans une autre époque. D’art subversif c’est devenu le courant dominant », reconnaît Chifumi. Pour les prochains mois, son agenda d’artiste de rue est bien chargé : « Je vais réaliser de grandes fresques murales en Inde, au Cambodge et en France. Ensuite, je compte préparer une exposition personnelle, la dernière remonte à dix ans. »


Aina Zo Raberanto

Kirthimurka, Varanasi (Indie)
Mudra Composition, Chennai (Inde)
La fille de la ville du vent, Diego-Suarez (Madagascar)
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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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