Miangaly Elia : Petits univers, grandes idées
12 février 2024 // Arts Plastiques // 3815 vues // Nc : 169

Qui peut trouver de la beauté dans un bidonville ? À priori, personne. Pourtant, avec sa représentation en miniature d’un abri de fortune, Miangaly Elia a charmé plus d’un sur sa page Facebook en décembre dernier. Pourquoi ? Elle se l’explique par son esthétique nouvelle et inhabituelle.

Ces détails minuscules nous absorbent facilement : la rugosité des planches sur le toit, la fine corde à linge, les touffes d’herbe ça et là. Un observateur attentif sentirait presque le vent qui agite ces vêtements en train de sécher. Et tout ça tient dans une seule main. L’artiste a acquis cette attention au détail à l’IST Ampasampito (Institut Supérieur de Technologie). « Quand on étudie l’architecture, on fait des maquettes, c’est la repré- sentation des volumes qui me plaisait le plus. Le prof mesure et si ça dépasse d’un millimètre, il jette. » Mais comme elle a toujours navigué entre plusieurs médiums (dessin, sketch, peinture), cette rigueur dans l’architecture ne lui offrait plus assez de liberté. Elle a choisi le diorama pour concilier ces disciplines. « Avec une maquette, on représente des dimensions. Pour le diorama, c’est plutôt de l’art. C’est toute une scène, c’est comme prendre une photo qu’on peut toucher en trois dimensions. On a recours à destechniques différentes : peinture, couture, découpage, pliage. »

Dès lors, Miangaly Elia se lance dans ce qu’elle appelle sa « folie artistique ». Parmi les symptômes : la récupération. Les murs sont bâtis avec du carton, les vitres en rhodoïd, le gazon est en fait de la sciure de bois récupérée dans la menuiserie du coin, le socle est fait de carton et d’éponge rembourrée de polystyrène. Pour les matériaux plus insolites, elle récupère les bâtonnets d’esquimaux et les tiges de brochettes. La récupération est même devenue une source d’inspiration. « Quand je suis à court d’idée, il suffit que je tombe sur un objet et je me dis que je peux le transformer. Par exemple, si je vois un objet bien rond, je pense qu’il peut devenir une belle tour. » Une fois travaillées, ces matières n’ont plus rien à voir avec ce qu’elles étaient. « Avec de la pratique, même si on m’a conseillé certaines matières, je sais qu’elles ne me conviennent pas. On peut aller plusloin dans les idées, mais après je travaille les détails. » Dans cette deuxième vie, les objets ne se contentent passeulement d’être fidèles à la réalité, et c’est là l’identité deMiangaly Elia. « La plupart des artistes de diorama sont très futuristes, très science-fiction. Moi, je vis plutôt dans les rêves, les choses un peu abîmées où on trouve de la beauté car elles vivent dans le temps, l’imagination et la magie, l’esthétique traditionnelle malgache. » Témoin de cette signature, elle a reproduit le portail d’un vieux domaine abandonné dans la campagne d’Ambatofotsy, un endroit où sa famille passe tous les 1er novembre, avec une végétation pigmentée autrement que dans la réalité. S’inclinant toujours dans l’imaginaire, on peut aussi mentionner ce lit au milieu de verdures et de fleurs. Pour l’instant, elle veut en apprendre plus pour affirmer son identité d’artiste, et maîtriser d’autres techniques. D’ailleurs, elle organise un atelier hebdomadaire de diorama avec une poignée d’artistes, l’occasion d’échanger des savoir-faire, et des petits univers.

Propos recueillis par  Mpihary Razafindrabezandrina

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Paskero sort "C'est la bella vita"

Lire

7 septembre 2025

Paskero sort "C'est la bella vita"

Le chanteur français Paskero a annoncé ce 5 septembre la sortie de son clip « C'est la Bella Vita » chantant son amour pour Madagascar, qu'il interprè...

Edito
no comment - A moitié... mais plein

Lire le magazine

A moitié... mais plein

Madagascar, éreintée par les mauvaises nouvelles ? Eh bien, rien n’arrête désormais notre île-horizon. À force de scruter le verre à moitié vide, on a fini par rater le somptueux punch qui le remplit. Pourtant, il déborde joyeusement.Prenez la culture ! KVNTO, un chanteur de Toamasina rejoint l’album d’un monde qui parle plus de 200 langues (réellement ! pas juste un tour de Babel gadget). Mika Kely brille aux États-Unis, Betia en Europe, tandis que nos stylistes, écrivains et chefs VIP raflent des prix sur les cinq continents. Peut-être que Jaojoby, roi du salegy, ou le groupe Tarika, adulé jusqu’à Time « 10 best bands on planet Earth » nous avaient déjà avertis qu’on pouvait sortir la tête (et les talons).Côté technologies et sport, nos talents raflent médailles et trophées. Jiu-jitsu, pétanque jusqu’au championnat en robotique… nos compatriotes font parler – en bien – de la Grande-île. Pour ce qui est des relations internationales – surtout en matière de développement économique - Madagascar a accueilli au mois d’août le 45ᵉ sommet de la SADC et s’est également positionné comme partenaire-clé au TICAD19 Japon, avec création d’une Chambre de commerce nippo-malgache. Voilà ce qu’on appelle être tellement en lumière qu’on brûle un peu nos lunettes pessimistes.Oui, les problèmes persistent. Mais à NoComment, on choisit de braquer le projecteur sur ce qui marche. Pour cueillir ces pépites, il faut parfois arrêter d’écouter les mauvaises ondes. Alors oui, le pays est à moitié... plein. Et on va continuer à le dire, haut et clair.

No comment Tv

Making of shooting mode – AOÛT 2025 – NC 187

Retrouvez le making of shooting mode du 𝗻𝗼 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁® magazine, édition août 2025 - NC 187.Prise de vue : Ankaditany Ampitatafika 
Collaborations : Tanossi  – Via Milano mg  – HAYA Madagascar  - Akomba Garment MG - Carambole 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Fitahiana, Mitia, Nolan, Ulrich, Mendrika, Odyah, Johanne, Stevie, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany 

Focus

MOOR1NG

MOOR1NG au Palais des Sports Mahamasina

no comment - MOOR1NG

Voir