Association Mikea Forest « Il serait temps que le pays reconnaisse officiellement les Mikeas comme un peuple autochtone.»
17 février 2024 // Assos // 4673 vues // Nc : 169

C’est un moment historique : les Mikeas ont participé au premier congrès sur la conservation des peuples autochtones et des communautés locales d’Afrique. C’était à Windhoek (Namibie) en octobre dernier, auprès d’autres peuples comme les Bushmen et les Pygmées. Un signe de reconnaissance internationale à l’heure où Madagascar ne les reconnaît pas officiellement comme un peuple autochtone. Pour Jean-Claude Vinson, militant écologique et fondateur de l’association Mikea Forest, rien n’est gagné.

Que fait Mikea Forest ?
L’association a été fondée en 2015 pour scolariser les enfants Mikea au « Sekoly Mikea Anais Vinson », école créée en 2016. On y enseigne les matières générales comme les mathématiques, la géographie, l’histoire, les sciences...
En parallèle, on enseigne aussi les coutumes et les traditions Mikeas : connaître le pouvoir des plantes, savoir dénicher des tubercules, apprendre à chasser, faire la cueillette, apprendre l’histoire et les chants Mikea... L’enfant part au moins un jour par semaine pour vivre la vie d’un Mikea et dormir dans la forêt comme tous les chasseurs-cueilleurs. L’association s’occupe d’un groupe de plus d’une centaine de Mikeas basés aux alentours de l’école à Ambolofoty qui se situe en périphérie du village d’Ankidranoke. L’école permet aux enfants d’accéder à des connaissances nouvelles associées aux connaissances mikeas.

Ils seront mieux préparés pour protéger eux-mêmes leur habitat naturel, tout en conservant leur culture. Ce sont les futurs protecteurs de leur forêt.

Protéger leur forêt contre qui et quoi ?
La forêt est régulièrement détruite depuis des siècles par des coupes à la hache, et brûlée par une population voisine d’éleveurs cultivateurs qui produisent du maïs et du manioc. Il y a à peine quelques semaines, des hectares de forêt ont brûlé ! À qui la faute ? À la société Base Toliara ? Non. Ce projet n’est pas une menace, pour la simple raison qu’il n’a pas eu l’autorisation d’opérer. Et puis, le site de ce projet est loin de la lisière de la forêt, elle ne risque rien même si le projet venait à démarrer. Le vrai problème de déforestation de l’habitat des Mikeas est connu depuis des siècles mais on préfère regarder ailleurs. Nous constatons un véritable échec pour la protection de cette forêt primaire sèche, une forêt unique au monde car elle abrite un peuple de forêt qui porte le même nom qu’elle et qui vit en totale symbiose avec elle depuis des siècles. La récente nomination de la forêt Mikea au rang de patrimoine mondial de l’UNESCO ne stoppe pas sa vulnérabilité : on continue à la brûler chaque année.

De gauche à droite : Tsivahora, Mahazaka et Redafa.
Tsivahora entre deux femmes au Congrès de Namibie.

La suite de vos engagements?
Pour le congrès à Windhoek, c’était la première fois qu’un Mikea est sorti de Madagascar pour représenter sa communauté à une réunion internationale. Tsivahora était accompagné de sa femme Manou, maîtresse d’école. Ils ont côtoyé les Pygmées, les Bushmen, les Himbas et d’autres. C’est encourageant pour l’avenir de l’école et de la population Mikea. Il serait temps que le pays reconnaisse enfin et officiellement les Mikeascomme un peuple autochtone. J’invite les autorités à faire ce pas capital et décisif. En mai 2024, on organise avec l’IFM une exposition sur les Mikeas : des photos, des objets et des films, dont un nouveau film qui vient d’être tourné. Il y aura aussi des conférences avec des débats, et la sortie d’un livre de Thierry Cron sur les Mikeas. Je souhaite que cette exposition puisse voyager dans d’autres villes de Madagascar et dans la région de l’océan Indien.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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