A’Kalo : Mamie blue
2 octobre 2022 // Musique // 8499 vues // Nc : 153

Damy Govina chante en tandroy, le dialecte du Grand Sud qu’elle estime trop souvent négligé et moqué par les élites. Au-delà, c’est les rythmes du Sud enrichis au « galeha midero » qu’elle remet à l’honneur, réponse à une époque qu’elle juge hyper-formatée.

Mère célibataire et journaliste, Damy Govina a trouvé depuis toujours un refuge dans la musique. Un départ de vie, il est vrai, assez difficile. « Je suis polyglotte mais j’ai appris le français grâce aux bouteilles en plastique que les gens jetaient... Si je ne m’étais pas autant battue dans ma vie, je ne serais pas là où j’en suis aujourd’hui. » Mamie, par exemple, estune chanson purement autobiographique, comme toujours dans son répertoire : « Je l’ai écrite en 2016 en hommage à ma grand-mère, mais aussi à ces mères qui doivent élever seules leurs enfants, qui essayent d’être les meilleures mamans du monde dans un environnement souvent dramatique. Mon père est mort à 29 ans et c’est ma grand-mère qui nous a élevés. Je ne suis pas issue d’une famille riche, nous dormions dans le marché d’Analakely à Mahajanga, où nous avons survécu à deux cyclones. »

Née d’une mère Tsimihety et d’un père Antanadroy, Damy Govina est revenue vivre à Madagascar après avoir vécu cinq ans aux Comores. Plutôt que de suivre la « filière » française, elle a préféré revenir au pays pour en apprendre un peu plus sur ses origines et sa culture. « En intégrant le milieu journalistique, j’ai remarqué qu’il y avait peu de sujets sur la culture malgache. Par exemple, j’écrivais sur le havoria, une tradition des tribus Mahafaly et Antandroy, mais le rédacteur en chef de l’époque ne semblait pas intéressé. Je me suis sentie exclue. » Elle commence alors à faire ses recherches et collabore avec des associations engagées dans la diversité culturelle.

A’Kalo, son nom de scène, signifie « mortier », « ciment », ce qui permet de recoller les morceaux. Son style s’inspire plus précisément du galeha, des jeux vocaux pratiqués par les jeunes bouviers de l’Androy qu’elle mélange avec des rythmes traditionnels pour donner le galeha midero. « Je veux créer une nouvelle forme d’expression musicale. Les Malgaches sont tous un peu mélomanes, mais on assiste à une déperdition de cet héritage culturel. Sans parler de ces ados qui n’écoutent que des trucs hyper-formatés en anglais. » Raison pour laquelle tous ces textes sont en tandroy. « C’est le dialecte le plus mal compris à Madagascar, aussi négligé que stéréotypé. Dans mes clips, je mets toujours des sous-titres pour que les gens apprennent et comprennent. Tous les dialectes devraient figurer dans l’enseignement malgache. »


Aina Zo Raberanto

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Prise de vue : no comment® studio 
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Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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