Absoute
6 avril 2025 // Gaysy // 2739 vues // Nc : 183

Je reste sur le dernier banc, près du bénitier, pendant que le prêtre prononce tes éloges funèbres ; tout comme je suis resté en retrait tout au long de tes funérailles. Non, je n’ai pas besoin de faire la queue comme ces gens qui passent près de ton cercueil une dernière fois. D’aussi loin, près de la porte de la paroisse, je suis plus près de toi qu’ils ne l’ont jamais été. M’introduire dans la cérémonie a été simple, c’est facile de se fondre parmi tes amis et ta famille élargie, monsieur populaire ; de toute façon, l’univers m’a fait don d’invisibilité.

Et pourtant, aucun d’eux ne t’a jamais vraiment connu, autrement, ils n’auraient pas habillé ton corps avec cet ensemble noir que tu détestais, le costume de la chorale à laquelle tu appartenais. Je me souviens, tu es venu chez moi le jour où tu l’as récupéré chez la couturière, c’est en l’enlevant que je t’ai vu nu pour la première fois.

Si cette foule te connaissait un minimum, ils n’auraient pas choisi ce prêtre pour célébrer ta dernière messe, tu sortais souvent au milieu de ses sermons qui puaient l’homophobie ; et, quand ta femme et tes deux filles demandaient pourquoi, tu leur répondais juste que tu ne supportais pas la chaleur. Et même ces chansons pendant la veillée funèbre, mon Dieu, tu aurais détesté, tu as toujours préféré nos weekends silencieux en pleine nature, tu racontais au monde que tu partais en mission. D’ailleurs, quand ils ont rangé tes affaires, ils ont été surpris de voir toutes ces bouteilles d’alcool. Tu avais besoin de te saouler avant de pouvoir faire l’amour à ta femme sans regretter de compromettre ce que tu es réellement pour te fondre dans la masse.

Tout, absolument tout dans tes funérailles montre à quel point ton entourage t’était étranger, tu aurais détesté cette mascarade, ton âme est sûrement en train de crier, que tu reposes en paix. S’ils te connaissaient un minimum, ils sauraient pourquoi, un après-midi pluvieux de dimanche, pendant qu’ils étaient partis à la troisième messe, tu as décidé de te foutre une balle dans la tête, sous ces cheveux que j’aimais caresser. J’ai photographié la mare de sang que tu as laissé sur le tapis du salon.

M

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no comment - Théâtre : « La ferme » sélectionnée au MASA 2026

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Edito
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Shows devant !

Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Making of shooting mode – Novembre 2025 – NC 190

Retrouvez le making of shooting mode du 𝗻𝗼 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁® magazine, édition novembre 2025 - NC 190
Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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