Michèle Ange Ralaiheilinarivony : Un ange passe
2 mai 2021 // Arts de la scène // 4707 vues // Nc : 136

De nature solitaire, la danse l’a aidé à affronter la réalité, à s’exprimer, à explorer son corps, à trouver ses limites. Michèle Ange Ralaiheilinarivony a créé sa propre philosophie de la danse qu’elle n’hésite pas à partager au public.  

Depuis près de 20 ans, son corps est son instrument. Michèle Ange Ralaiheilinarivony ou Ange aime le faire bouger dans tous les sens mais aussi l’entretenir. « Je fais des étirements et des exercices matin et soir. J’ai le corps flexible. La danse me permet de trouver mes limites. » Cette connaissance de son corps l’a amené à créer sa propre philosophie, le Folam-batana (de « folaka » flexible et « vatana » corps). « C’est un langage corporel qui n’engage que moi car d’autres danseurs peuvent avoir leur propre langage. J’ai proposé un atelier dessus pour permettre aux gens, danseurs ou non, de réaliser des exercices afin de bénéficier de plus de souplesse et de fluidité dans la réalisation des mouvements. Car un corps flexible, c’est aussi un corps sain. »

Un travail exigeant de la rigueur qu’elle a su acquérir en intégrant toute petite, à l’initiative de ses parents, la Cie Rary de Ariry Andriamoratsiresy. À force de suivre les cours de danse, Ange y prend goût et devient quelques années plus tard, enseignante et danseuse interprète. Ses années d’expériences lui ont permis d’explorer, de s’améliorer et de s’investir dans la recherche et la création. « Beaucoup de gens pensent que la danse contemporaine, c’est la danse des fous. Mais c’est énormément de travail, se donner corps et âme dans le processus de création. Je peux mettre des années à créer une pièce. J’ai besoin de me baser sur l’histoire, sur l’interprétation des autres personnes, faire des lectures… Ce n’est pas simplement de danser ! »

Ses inspirations, elle les puise tout d’abord, dans le cercle familial. Son père était musicien et chanteur, sa grand-mère faisait du vakodrazana (opérette) et sa mère est chanteuse. C’est grâce à elle qu’elle a créé son premier solo Telomiova, en référence à une fleur. « Elle adore discuter art, elle regarde beaucoup de spectacles, elle me conseille énormément. Un jour, elle m’a demandé comment je pouvais interpréter cette fleur qui possède trois couleurs, rose, blanche et violette. J’ai travaillé là-dessus et la pièce « Telomiova » est née.  »

Les livres l’inspirent également. Étudiante en histoire, elle a été documentaliste, archiviste et muséologue et vient de finir son mémoire sur… la danse, bien sûr ! Plus précisément, les atouts et les faiblesses de la danse traditionnelle Antandroy. Ange a décidément le rythme dans la peau, car elle est aussi percussionniste au sein de la Cie Rary depuis une dizaine d’années et joue de la batterie depuis presque sept ans. Elle a même créé un solo où elle utilise les baguettes de batterie pour en faire un chapeau et danser au gré des sons obtenus grâce à ses mouvements. « J’adore le son grave. Chaque fois que j’écoute de la musique, je suis toujours à la recherche des sons de la batterie, des percussions ou de la valiha. Les paroles m’importent peu ! »

Ange a toujours ce besoin de partager, de communiquer et d’échanger pour pouvoir évoluer. Elle multiplie les collaborations avec d’autres artistes de disciplines différentes à travers sa plateforme Ange & Co. Elle est membre de Labiblitoekroz & Cie de Nazaria, collabore avec la chorégraphe et danseuse Géraldine Léong Sang ou encore avec le batteur Mendrika Rasolofomahatratra du groupe Solomiral pour la pièce « Tanila » mais aussi des slameurs, des peintres… « Je m’enrichis à travers ces échanges et ces discussions. Sortir de ma zone pour pouvoir évoluer et avancer. Créer ma propre compagnie ? Un jour, sûrement ! »


Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

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Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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