Taosaina Lab : Espace et vie
18 août 2025 // Mode & Design // 5194 vues // Nc : 187

Comment concilier espaces habités et écosystèmes ? Pour Sandrine Raveloson et l’association Taosaina, pas de réponse unique mais une pluralité de disciplines à croiser : architecture, design, urbanisme, ingénierie.

À la Tana Design Week, en juillet dernier, le bambou s’imposait comme l’élément phare de l’installation signée Taosaina. Ce matériau local, parfaitement adapté à certaines régions de Madagascar, incarne une alternative durable. Il valorise des savoir-faire ancestraux et la main-d’œuvre du territoire, tout en interrogeant nos modes de construction. « Décoloniser l’architecture, c’est questionner les schémas dominants, comprendre quelles puissances contrôlent le BTP, pourquoi, et à quel prix pour le vivant. C’est aussi imaginer d’autres façons de bâtir, plus justes et plus ancrées », souligne Sandrine Raveloson, architecte et présidente de l’association.

Deux projets récents reflètent cette démarche sociale et écologique. En 2022, Taosaina remporte le concours d’aménagement du front de mer d’Antsiranana. Certains critiquent le projet pour « n’avoir pas assez construit ». Mais pour le collectif, l’essentiel n’était pas de bâtir, mais de répondre aux usages des habitants. « C’était un espace urbain, pas un chantier », martelle-t-elle. Ce regard sociologique, devenu outil de conception, Taosaina souhaite l’affiner en intégrant davantage de sociologues à ses équipes.

La même année, dans le cadre du concours Fonenana, ils conçoivent des logements abordables pour un quartier populaire d’Analamahitsy. Leur approche dépasse la technique : typologies familiales, conditions bioclimatiques, dynamiques de voisinage… chaque élément nourrit la réflexion. « Le designer pense usage, l’ingénieur forestier pense sol et climat. C’est cette diversité de regards qui enrichit les solutions », met en exergue la présidente de l’association.

Pour Sandrine Raveloson, l’architecture est aussi politique. L’éviction des vendeurs de rue lors d’une visite présidentielle le rappelle : la ville concentre des rapports de force. Si les labs citoyens ne se substituent pas à l’administration, ils peuvent proposer, former et transmettre. Taosaina œuvre aux côtés d’étudiants en design et architecture, et contribue au projet de Cité des Industries Culturelles et Créatives avec la CUA et la Chambre de commerce. « Les labs doivent se démocratiser. En 2025, dans un monde sous tension, il faut viser la robustesse plutôt que la performance. La nature ne cherche pas la performance : elle mise sur l’adaptabilité. C’est ce qui rend l’évolution possible », lance-t-elle.

Mpihary Razafindrabezandrina

LinkedIn : COLLECTIF TAOSAINA
Instagram : @taosainalab
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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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