Sahhaf Kaompania se prépare à rendre un hommage unique à Njakatiana à travers une comédie musicale intitulée « Légende Vivante ». Le 3 novembre au CCESCA Antanimena à 13 h 30, ce spectacle mettra en lumière la carrière de l'icône malgache. Entretien avec Sah, le fondateur de Sahhaf Kaompania, metteur en scène et chorégraphe, pour découvrir les motivations derrière cette initiative innovante.
Quel est votre concept ?
C'est d'abord une comédie musicale qui met en scène la carrière de Njakatiana à travers ses chansons. Nous souhaitons rendre hommage à cet artiste majeur, car nous croyons qu'il est essentiel d'honorer les grands talents de leur vivant pour les remercier de l'héritage culturel qu'ils ont laissé à des générations. L'idée a germé chez Sahhaf Kompania, actif dans la représentation scénique depuis 2017. Cette année, nous avons choisi de présenter la vie de Njakatiana sous la forme d'une comédie musicale. Nous avons d'ailleurs déjà collaboré avec lui pour l'un de ses clips vidéo.
À quoi s'attendre ?
Le spectacle aura lieu le 3 novembre à 13 h 30 au CCESCA Antanimena. Il y aura d’abord une avant-scène, une pratique que nous appliquons à chaque représentation. La comédie musicale débutera ensuite à 14 h, et Njakatiana sera bien évidemment présent ce jour-là. Initialement, nous voulions lui faire une surprise, mais il était plus sage d’avoir une discussion avec lui. Après avoir reçu son accord, nous avons commencé à travailler sur le projet. Nous avons recueilli des informations auprès de lui pour mieux imaginer le spectacle. Il a été très ouvert et nous a partagé ce qu’il ressent derrière chacune de ses chansons. Ce sera aussi une occasion pour le public de découvrir l’histoire qui se cache derrière ses titres emblématiques.
Et la prochaine édition ?
Sahhaf Kaompania a toujours produit des comédies musicales liées à la culture malgache, abordant des thèmes comme la colonisation, la délinquance juvénile, l'histoire de Madagascar, et même Halloween.
Comme notre devise le souligne, « Andrianiko ny teniko, ny hafa koa feheziko » (Je maîtrise ma langue tout en intégrant celles des autres) cela montre notre dévouement à la culture locale, tout en étant ouverts aux influences extérieures. Pour « Légende Vivante », nous ne comptons pas en rester là. Comme je l’ai mentionné, nous avons remarqué que beaucoup d’artistes nous ont quittés récemment. Nous avons alors pensé qu’il serait judicieux de rendre hommage à ceux qui sont encore parmi nous. Nous travaillons déjà sur l’artiste que nous mettrons en scène l’année prochaine, et les sondages sont ouverts au public sur notre page Facebook.
Propos recueillis par Cédric Ramandiamanana
Photos : Sahhaf Kaompania
Facebook : SAHHAF Z'ART SOA
+261 34 41 950 00
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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.
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