Aviation : Récits dans les airs
7 septembre 2025 // Histoire // 2613 vues // Nc : 188

Du ballon du Père Finaz en 1855 au retour en avion des parlementaires du MDRM en 1960, l’histoire de la conquête de l’air à Madagascar raconte un siècle d’expérimentations et de ruptures, avant l’ouverture de l’aéroport d’Ivato en 1967. C’est ce parcours que vient éclairer l’historienne Helihanta Rajaonarison.

©photo : Musée de la Photo
©photo : Musée de la Photo

En juillet 1960, Antananarivo vibrait d’une ferveur nouvelle. Joseph Ravoahangy, Jacques Rabemananjara et Joseph Raseta, figures du MDRM condamnées à l’exil après l’insurrection de 1947, revenaient de Corse à bord d’un avion. Le président Tsiranana avait organisé leur retour au lendemain de l’indépendance. L’arrivée des trois parlementaires à Arivonimamo attira des foules immenses, certains venus à pied : un moment fondateur, où le ciel devenait l’espace d’une renaissance nationale.

Pourtant, l’histoire de l’aviation malgache avait commencé bien plus tôt. En 1855, le Père Finaz, missionnaire caché sous le nom de « monsieur Hervé », fit s’élever un ballon au-dessus de la capitale. Ses démonstrations spectaculaires (daguerréotype, télégraphie sans fil) marquèrent durablement les esprits. Quarante ans plus tard, en 1895, le dirigeable L’Éclaireur décolla de Sainte-Marie pour rejoindre La Réunion. Mais c’est en 1911 que Madagascar vit son premier véritable avion : Jean Raoult, administrateur colonial, fit voler un Blériot XI au-dessus d’Antananarivo. Assemblé sur place après son arrivée en caisses, l’appareil devait prouver qu’on pouvait remplacer les routes inexistantes par le ciel. Le premier prototype s’écrasa, le second rata son atterrissage. « À l’époque, lorsqu’un gouverneur général voulait convaincre Paris, il mettait en avant le travail accompli à Madagascar auprès du ministère des Colonies. Ces initiatives, présentées comme de véritables projets, servaient surtout à gagner les faveurs de l’administration centrale », souligne l’historienne.

L’échec fut tel qu’aucun autre vol ne suivit avant 1926. Cette année-là, le lieutenant Marc Bernard et le mécanicien Georges Bougault réussirent la première liaison France-Madagascar à bord d’un hydravion Lioré et Olivier Leo H 194, après une vingtaine d’escales dans les colonies de l’Afrique orientale. En 1927, Jean Dagnaux réalisa le premier aller-retour France-Madagascar. L’aviation restait toutefois réservée aux colons, utilisée pour l’agriculture, les affaires ou le tourisme.

La Seconde Guerre mondiale changea la donne. En 1942, Diego Suarez devint le théâtre d’une violente confrontation aéronavale entre les Anglais et Vichy. Puis, en 1945, l’aviation civile prit son essor avec Air France, qui reliait Antananarivo aux grandes villes du pays. En 1949, l’aérodrome d’Arivonimamo fut inauguré, sur le terrain plat que Jean Dagnaux avait repéré par hasard lors d’un vol, en cherchant un lieu où atterrir. Le début des années 1960 marqua une rupture. Le retour des parlementaires du MDRM montrait que l’avion n’était plus un simple outil colonial, mais un vecteur de mémoire et d’espoir. Les premiers pilotes malgaches furent formés dans l’armée. En 1961, la compagnie nationale MADAIR fut créée, avant de devenir Air Madagascar un an plus tard. Enfin, en 1967, l’aéroport international d’Ivato ouvrit ses portes, scellant l’intégration du pays dans le réseau aérien mondial.

Mpihary Razafindrabezandrina

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Prise de vue : no comment® studio 
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Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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