Smooth Bartender and More : Des cocktails qui parlent malgache
14 juin 2025 // Gastronomie // 3417 vues // Nc : 185

« Rombo », « Manankasina », « Malai-misaraka ». Ce ne sont pas des noms à faire peur, mais à faire saliver. Des noms et des combinaisons douces inspirés du vécu, de ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas. Kevin Razafitsoma et Tsanta Andriamampionona transportent le public depuis un an avec Smooth Bartender and more. Ils proposent des cocktails et plus.

Smooth Bartender and More, c’est quoi le concept ?
Ce n’est pas juste des cocktails. Il s’agit d’un voyage entre traditions et sortilèges. Nos créations s’inspirent de mots intraduisibles ou d’expressions malgaches chargées de sens. Le « Rombo », par exemple, vient de mandrombo – un appel à la bravoure. On y tient, à ces clins d’œil. À chaque service, on raconte, on transmet. La magie ? Elle nous suit depuis l’univers d’Harry Potter. Puis un jour, on a réalisé que notre propre culture en regorgeait. Même mystère, même force. Alors, pourquoi la taire ? À travers nos boissons, on essaie de faire parler cet héritage, avec une dose d’enchantement — et un trait de rhum, bien sûr.

« Malai-misaraka », un de vos cocktails phares…
« Malai-misaraka », c’est nous. Ce cocktail, c’est l’histoire d’amitiés qui traînent en longueur, de groupes qui ne veulent pas se quitter, et de verres qui se transforment en souvenirs. Tout a commencé avec une rose. Tsanta me l’a offerte pour nos cinq ans. Elle sentait bon, mais… que faire avec une rose ? J’avais du gin, alors j’ai tenté une liqueur maison. On y a ajouté de la tequila – ce petit poison festif qui transforme un « dernier verre » en trois heures de discussions. Comme beaucoup de nos créations, « Malai-misaraka » mêle vécu et traditions. L’alcool roux y murmure les rites Sakalava, et le 303 d’Ambalavao nous rappelle d’où l’on vient, Manakara et Ambositra.

Vous proposeriez des boissons personnalisées ?
Pas de recette figée chez Smooth Bartender and more. Nos cocktails naissent sur l’instant, selon l’humeur ou le moment. Pour les cinq ans de Mousseux sy Mandam’, on s’est inspirés de la texture et de la mousse de leurs bouteilles. Mais c’est pour Bolo, lors du lancement de son album Jerenty, que notre esprit s’est le plus exprimé. Nous avons réalisé un cocktail à base de Black Coconut endémique et d’ananas, inspiré de sa chanson Mémamay. Un vrai show, entre feu, fumée et cris du public. Le cocktail s’appelait Vain’afo. Un hommage à ceux qui vivent avec les flammes. Unique. Éphémère. Il ne reviendra sans doute jamais.

Parlez-nous de vos projets.
Avant de penser à un local, on veut d’abord sortir, respirer ailleurs. Bientôt, cap sur la RN2 pour écouter les récits de la côte, s’imprégner, puis restituer. Ensuite ? Parcourir les scènes de l’île, et peut-être, un jour, échanger avec les îles voisines. Chez Smooth Bartender and more, ce qui nous anime, c’est la conviction que le spirituel est universel. On a trop souvent peur de ce qu’on ne comprend pas. Mais les rites, les coutumes malgaches portent aussi du beau, du bon. Ce qu’on veut, c’est ça : raconter nos traditions autrement, faire résonner leurs chants, leurs odeurs et leurs feux jusque dans les verres.

Propos recueillis par Rova Andriantsileferintsoa

Contact: smoothgasy@gmail.com
Facebook: Smooth bartender and more.

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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