Rindra Ramarosandratana « La musique classique a un avenir à Madagascar »
11 mars 2024 // Musique // 10312 vues // Nc : 170

Quand il n’est pas sur scène aux Concerts Classiques de Midi à l’IFM, ou avec les chorales qu’il accompagne ; le pianiste Rindra Ramarosandratana enseigne au Mahanaim ou International Music Center and Art, à l’Anglican Music Institute, et à l’Académie Nationale des Arts et de la Culture. La musique classique est pour ainsi dire toute sa vie, un art qu’il veut développer à Madagascar.

La musique, de génération en génération ?
Je viens d’une famille de musiciens. Mon père, quelques-uns de mes oncles et mes cousins sont pianistes pour la plupart. J’ai appris le piano depuis l’âge de six ans au Cours de Musique Ratefy à Ankadifotsy (CMR), d’ailleurs cette école existe toujours.
En 2007, j’ai continué ma formation à l’Anglican Music Institute (AMI), c’est aussi à partir de ce moment-là que j’ai joué du piano en dehors des cours. J’ai accompagné la plupart des chorales à Antananarivo de 2008 à 2014, c’étaient des chorales religieuses et de musique classique, je continuais mes études en même temps.
C’est en 2014 que je suis parti à Paris pour intégrer deux conservatoires. Après avoir obtenu mon diplôme en 2019, je suis resté à Paris pendant trois ans, puis je suis rentré à Madagascar en mars 2022, pour y développer la musique.

Qu’en est-il des Concerts Classiques de Midi ?
J’ai déjà participé aux concerts de midi de 2008 à 2014, pour accompagner d’autres violonistes. Mais c’est cette année que je donne un concert tout seul. J’ai déjà participé à ces concerts quand j’étais au conservatoire à l’étranger. C’est vraiment le même système qu’ici, le concert dure une heure ou 45 minutes au maximum, ce sont les employés aux alentours qui vont voir ces concerts. De même pour les concerts de midi à l’IFM, ça se passe en centre-ville, probablement pour les travailleurs qui veulent se détendre un peu, d’ailleurs c’est de la musique classique. Ils permettent aussi à ceux qui baignent dans cette musique de montrer leur travail. C’est une relation réciproque : le public a besoin d’écouter de la musique qui les détende un peu en semaine, et nous avons besoin de faire connaître notre travail.

Quels sont les événements qui vous ont marqué ?
J’ai participé à plusieurs concours. Pour n’en citer qu’un, j’ai remporté le premier prix du concours national de piano en 2014. Toujours la même année, nous avons participé à la toute première édition de Nosy Be Symphonies, c’est un événement qui se tient de fin août à début septembre. Ça m’a beaucoup marqué, l’esprit de cet événement consistait justement à emmener des musiciens d’Antananarivo à un festival à Nosy Be pendant une semaine.

Comment les Malgaches perçoivent-ils la musique classique ?
Comme le jazz, la musique classique a déjà un public qui lui est propre. Logiquement, je ne devais même pas rentrer à Madagascar vu que j’avais ma place en France, mais je suis rentré pour développer la musique, pour enseigner. En 15 ans, j’ai été témoin du chemin de la musique classique à Madagascar, et je peux affirmer qu’elle a un avenir. Certes, on ne peut pas encore en vivre, mais elle a un parcours, peut-être aussi grâce aux concerts de midi, ils remplissent toujours la salle, initiés par Mozarteum Madagascar. Même si la musique classique a déjà son public, nous essayons toujours d’attirer de nouvelles personnes pour agrandir ce cercle.

Quel avenir pour la musique classique ?
La mentalité malgache considère toujours que la musique ne mène nulle part. Dans notre système éducatif, on n’enseigne pas la musique, ce qui est quand même un mépris de la musique. Ensuite, il y a un manque d’organisations pour appuyer ce milieu, s’il y a de nombreuses organisations comme Mozarteum, la mentalité envers la musique évoluera. D’ailleurs, les musiciens sont toujours ouverts aux négociations.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina
Contact : +261 34 50 032 28

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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