Njara Marcel : « Je veux que mes chansons continuent à vivre »
23 avril 2025 // Musique // 8648 vues // Nc : 183

Njara Marcel a remporté la catégorie pop ballade avec le titre « Aza Ampijaliana » aux RDJ Mozika Awards. Une victoire qui annonce une année 2025 déjà bien chargée : une tournée dans plusieurs villes, un nouvel EP en préparation… Entre deux sessions en studio, il nous reçoit pour parler de son parcours, de sa musique organique et de son rapport sincère à l’écriture, faits rares dans une industrie musicale saturée par la musique instantanée.

Ta plongée dans la musique ?
J’ai commencé à faire de la musique quand j’étudiais à Antsirabe. Je passais des heures en studio avec des potes, on testait, on s’amusait… Puis, en 2016, mes amis m’ont inscrit à un concours de sosies. J’ai imité Olombelo Ricky. Il m’a donné des conseils, toujours en mode très imagé, avec des métaphores sur la nage, comme quoi je devais prendre le large, le message était clair : trouve ta propre voie.

C’est en 2018 que j’ai commencé à chanter des titres de Dina Rakotoarivelo avec Ry Kala Vazo. Les gens aimaient, mais je sentais que je n’avais pas encore trouvé ma signature. J’avais des influences fortes, du folk à la Ed Sheeran, Richard Bona, Stevie Wonder… Mais je devais aller plus loin. J’ai commencé à écrire mes propres textes, à jouer mes propres accords, simples mais efficaces, et c’est là que tout a changé.

Comment sont nés tes plus grands tubes ?
J’écris sur ce qui parle aux gens. J’ai commencé avec des chansons d’amour comme « Lasanao Iny » et « Ho Mandrakizay », puis j’ai voulu aborder des sujets de société. La révélation a été « Mamiratra Ianao fa Tsy Tsara » que j’ai coécrite avec Jacquis Randria en 2020. On était assis dans mon studio, on parlait de nos vies, et on s’est dit pourquoi ne pas en faire une chanson. On ne pensait pas du tout qu’elle deviendrait aussi populaire ! Elle a touché les gens parce qu’elle était honnête et spontanée.

Les auditeurs s’y sont retrouvés, et c’est ça qui me motive. C’est devenu un phénomène de société. Puis nous avons continué tous les deux avec « Azafady ». On s’est dit que comme on a beaucoup critiqué les femmes avec le premier duo, pourquoi ne pas être plus positif cette fois. La chanson a aussi connu un grand succès. Nous nous sommes rendu compte que les Malgaches sont très sentimentaux, donc nous abordons des sujets de société sans détour.

Comment définirais-tu ton style actuel ?
Dès que vous m’écoutez, vous vous attendez directement à de la guitare. Cependant j’utilise également le piano pour varier un peu pour les auditeurs, mais en gros Njara Marcel c’est du folk, du folk progressif, un peu de pop, des mélanges de ce j’écoute et mes inspirations passées. À travers « Ihafiako » et « Aza ampijaliana » - chanson pour laquelle j’ai eu un trophée aux RDJ Mozika Awards -, j’ai réalisé des morceaux pour un public féminin. À l’avenir il y aura des morceaux pour mon public masculin. Plus tard je pourrais peut-être également expérimenter d’autres genres, sans pour autant m’écarter totalement de ce que je suis.

Quel est le secret pour qu’une chanson dure dans le temps ?
L’émotion. Jusqu’à ce jour, on me demande toujours de chanter « Ho Mandrakizay » aux mariages, et elle date de 2020 ! Pourquoi ? Parce que les paroles touchent les gens. J’admire les artistes qui ont su créer des chansons intemporelles. Prenons Mahaleo : même si le groupe ne joue plus, leurs chansons restent dans le cœur des Malgaches. Ou Samoëla, toujours là, toujours pertinent. Pour moi, une chanson doit vivre au-delà de son époque, et c’est ce que j’essaie de faire avec mes morceaux joués en live, sans programmation artificielle.

Et les réseaux sociaux dans tout ça ?
C’est incontournable. J’ai commencé en publiant des covers sur Facebook, c’est là que mes premiers fans m’ont trouvé. Aujourd’hui, TikTok joue un rôle énorme : « Aza Ampijaliana » et « Ihafiako » sont devenues virales grâce aux refrains repris par les utilisateurs. Certains artistes rechignent à aller sur les réseaux, mais c’est une erreur. C’est un outil puissant et accessible. Pour moi, c’est un moyen de rester connecté avec mon public, de tester de nouvelles idées et de continuer à faire vivre ma musique.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina

Facebook : Njara Marcel

Laisser un commentaire
Lire aussi
no comment
no comment - Cinéma : Madagascar entre dans l'histoire

Lire

9 décembre 2025

Cinéma : Madagascar entre dans l'histoire

Disco Afrika, réalisé par Luck Razanajaona, devient le premier film malgache soumis aux 98ᵉ Oscars dans la catégorie Meilleur film international, aprè...

Edito
no comment - Shows devant !

Lire le magazine

Shows devant !

Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

No comment Tv

Making of shooting mode – Novembre 2025 – NC 190

Retrouvez le making of shooting mode du 𝗻𝗼 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁® magazine, édition novembre 2025 - NC 190
Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

Focus

November Numérique

November Numérique à l'IFM

no comment - November Numérique

Voir