Nirina Ytb : « Je ne cherche pas à plaire à l’algorithme »
7 novembre 2025 // Influenceur du mois // 862 vues // Nc : 190

Sur un réseau dominé par la mode, la beauté et le divertissement, les contenus intellectuels représentent moins de 2 % des créateurs actifs. Les vidéos analytiques de Nirina Ytb rassemblent pourtant 136 000 abonnés : « peu pour Instagram », selon celle qui dénonce justement une « tyrannie du quantitatif » et de nombreux autres travers de la modernité.

Comment êtes-vous venue à créer du contenu intellectuel sur les réseaux ?
J’ai fait Sciences Po Lille et Centrale Lille, mais j’ai commencé à publier durant mes études, sans intention de carrière. Je lis beaucoup, et j’aime partager ce que je découvre ou analyser des phénomènes sociaux, politiques ou économiques. Ce n’était pas pour valoriser mon parcours académique, mais pour transmettre librement des réflexions. Même aujourd’hui, je ne me considère pas comme une créatrice de contenu professionnelle : c’est avant tout un espace d’expression personnelle.

Pourquoi avoir choisi les réseaux sociaux plutôt que les circuits académiques ?
Parce que je ne suis ni professeure ni doctorante : enseigner à l’université exige un doctorat et une spécialisation étroite. Sur les réseaux, je peux aborder des sujets très variés et diffuser mes idées plus largement.

Mon objectif est de rendre le savoir accessible sans le dénaturer. Certaines analyses sont exigeantes, mais je veille à ce qu’un lycéen puisse comprendre. J’aime aussi imager mes propos avec des références à la pop culture ou aux mangas : cela parle à d’autres publics et ouvre la porte à des lectures plus approfondies.

Quels sont les défis du format court et de l’algorithme ?
C’est une vraie contrainte. Pour être vue, il faut une accroche percutante, condenser les idées, épouser les codes visuels. Ce n’est pas forcément sain, car cela pousse parfois au superficiel. Mais je fais avec, en essayant de préserver la profondeur du propos. J’écris beaucoup ; certaines vidéos viennent de lectures, d’observations ou de conversations, d’autres d’intuitions notées dans mon téléphone. Je tourne souvent plusieurs vidéos à la suite, selon l’envie ou l’actualité. J’évite la réaction immédiate : une analyse demande du recul. Il m’arrive de faire des vidéos du jour au lendemain en fonction de l’actualité — comme celle sur Madagascar, disons, quand la situation est assez grave.

Quels sont vos thèmes de prédilection ?
Je travaille surtout autour de la critique de la modernité : la technologie, le libéralisme, l’idolâtrie des célébrités, la société du spectacle… Ces sujets me passionnent depuis longtemps, avant même de découvrir des auteurs comme Clouscard, Guénon, Ellul ou Pasolini. Ils ont mis des mots précis sur des intuitions que j’avais. Je ne suis pas d’accord avec tout, mais leur pensée m’aide à structurer la mienne. Parfois, certaines vidéos, comme celles sur la Formule 1, suscitent de fortes réactions, alors qu’elles questionnent simplement les implications sociales ou écologiques du divertissement.

Pensez-vous qu’Instagram puisse devenir un outil de réflexion intellectuelle ?
Je ne parlerais pas de réappropriation : j’utilise les outils de la modernité pour les questionner de l’intérieur. Instagram reste le moyen le plus efficace de diffuser des idées, même s’il impose ses codes. Ce que je cherche, c’est un équilibre entre exigence intellectuelle et accessibilité. Peut-être qu’un jour je développerai d’autres formats, mais pour l’instant, j’expérimente avec ce que j’ai.

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina

Instagram : nirinaytb

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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