Crâne du roi Toera : retour en terre malgache ?
3 novembre 2024 // Histoire // 4334 vues // Nc : 178

Vingt ans après une première demande de restitution du crâne du roi Toera par le prince sakalava Magloire, un processus de restitution est en cours depuis le 3 octobre dernier à Paris à travers la mise en place d’un Comité scientifique conjoint entre la France et Madagascar. Ce comité est chargé d’accompagner la restitution des restes humains malgaches conservés dans les collections nationales du Muséum national d’histoire naturelle en France. Une initiative qui s'inscrit dans le cadre de la loi du 26 décembre 2023, qui organise la restitution de restes humains présents dans les collections publiques.

Il s’agit de trois crânes sakalava, dont celui du roi Toera, décapité dans la nuit du 29 au 30 août 1897 à Ambiky, ex-capitale royale du Menabe, par les troupes françaises au début de la colonisation de Madagascar sous l’autorité du général Gallieni. Pour la communauté Sakalava, ce roi est un personnage central, étant le dernier souverain d’une dynastie du XVIIe siècle et un symbole de résistance face à la colonisation. Durant le « Fitampoha » ou bain de reliques qui a lieu tous les cinq ans, son squelette, sauf le crâne, est exhumé pour honorer des rituels. Chez les Malgaches, cela va au-delà de la simple restitution étant donné que les ancêtres ont une place importante dans la culture. Selon Klara Boyer-Rossol, historienne de l’Afrique, « les Sakalava revivent la blessure de cette privation. La demande malgache de restitution des trois crânes est tout à fait recevable. » Cette restitution revêt un enjeu culturel, historique, politique et symbolique comme l’atteste Nadine Hounkpatin, commissaire de l’exposition panafricaine itinérante Memoria : récits d’une autre Histoire, actuellement exposée à la Fondation H à Antananarivo. « Je porte un intérêt particulier à la restitution des patrimoines et à la valorisation des récits historiques africains. Toutes les formes de collaborations artistiques et culturelles entre la France et le continent africain sont à encourager, et cet événement incarne un moment fort dans la démarche de réparation et de réconciliation historique entre Madagascar et la France. »

Cependant, l’identification formelle que ces restes humains soient réellement le crâne du roi Toera et deux de ses guerriers est encore en cours. Des prélèvements d’ADN ont été réalisés en 2018 sur les crânes et les échantillons d’ossements, mais la mauvaise qualité du matériel n’a pas permis d’obtenir un résultat concluant. Selon Klara Boyer-Rossol, « les rituels Sakalava l’ont reconnu comme tel ». Cette question de l’authenticité des crânes sera étudiée par la commission composées de conservateurs de musée, d’historiens des deux pays jusqu’en décembre 2024. Cet engagement franco-malgache est un signal fort pour la restitution du patrimoine et un pas supplémentaire vers la pacification de l’histoire entre la France et Madagascar.

Aina Zo Raberanto

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Shows devant !

Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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