Alahamadibe : le Nouvel An traditionnel de Madagascar
11 mai 2025 // Histoire // 5015 vues // Nc : 184

À Madagascar, le Nouvel An traditionnel est appelé Alahamadibe. Il s’agit d’une fête ancienne qui marque le début de l’année selon un calendrier malagasy fondé sur les cycles lunaires et solaires. Cette célébration est à la fois un moment de renouveau, de purification et de reconnaissance envers les ancêtres. L’Alahamadibe remonte au XVIe siècle et suit un système de datation traditionnel appelé Fanandrona Isa Lava, qui repose sur l’observation combinée de la lune et du soleil. Ce système permet de déterminer le premier mois et le premier jour de l’année. Contrairement au calendrier grégorien utilisé dans la plupart des pays, l’Alahamadibe varie chaque année selon ces repères astrologiques traditionnels. Il est célébré par des communautés malagasy à travers tout le pays, mais aussi à l’étranger. Cette année marquera la 464e célébration de cette fête hautement symbolique.

Un mois avant la célébration, les familles commencent les préparatifs pendant une période appelée Volampadina, ce qui signifie « mois du nettoyage ». Cette étape a une valeur symbolique importante : il s’agit de purifier le corps, l’esprit et l’environnement. Deux éléments naturels jouent un rôle central dans ces rituels : Le feu, représenté par des torches ou des lampions, sert à éloigner les mauvais esprits. L’eau, utilisée pour laver les corps, les maisons ou les lieux de culte, symbolise la purification. Ces rituels, appelés Fidiovana (bain rituel) et Fandrona (nettoyage symbolique), sont essentiels pour aborder la nouvelle année dans un état de clarté et d’harmonie.

La célébration commence au crépuscule avec une cérémonie appelée Ny fotsy aritra. Un animal à deux pattes (généralement une volaille) est sacrifié, et une offrande est faite aux ancêtres et aux esprits protecteurs. Les participants formulent des vœux et des prières pour assurer une année paisible et prospère.

S’ensuit une danse traditionnelle nommée Dihin’ny Ntaolo, ou « danse des ancêtres ». Il s’agit d’une danse rituelle des mains, exécutée en groupe, avec un nombre impair de participants (souvent 5, 7, 11 ou 13). Elle symbolise la gratitude envers les ancêtres et la transmission des valeurs. Un autre moment clé de la célébration est le Tatao, un repas partagé composé de riz, de miel et de lait. Ce mélange est d’abord levé vers le ciel pendant qu’un ancien prononce des bénédictions, puis partagé entre les convives. Il représente l’union, la prospérité et la santé.

Le lendemain matin, avant midi, une cérémonie appelée Joro Alahamady est organisée. Elle consiste à adresser des prières et des vœux, suivi du sacrifice d’un zébu, un animal hautement symbolique dans la culture malagasy. La viande est ensuite partagée selon le rituel du Tolotr’Hasina, qui signifie « offrande de dignité sacrée ». Une quête symbolique est souvent effectuée pour soutenir les dépenses rituelles.

Les aînés procèdent ensuite au Tso-drano, une bénédiction individuelle ou collective donnée par l’imposition des mains, accompagnée de vœux de réussite, de santé et de longévité.

D’autres animations traditionnelles comme le Vakodrazana (musique et danse traditionnelles) ou le Hira Gasy (théâtre musical populaire) peuvent accompagner les célébrations. L’Alahamadibe n’est pas seulement une fête. C’est un moment d’introspection, de transmission culturelle, et d’ancrage spirituel. Il rappelle à chaque malagasy l’importance de la relation avec les ancêtres (razana), avec la nature et avec la communauté. Alors que de nombreux pays célèbrent le Nouvel An selon le calendrier international, Madagascar conserve cette tradition propre, riche en symboles et en significations, qui continue de rassembler et de faire vivre l’identité culturelle du pays.

Radamaranja

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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