Ambony ambany : Sens dessus dessous
20 juillet 2025 // Mode & Design // 5055 vues // Nc : 186

Sa chambre à coucher lui fait office d’atelier, et son lit d’établi,. Et c’est de là que sortent les créations – entièrement artisanales – de Ny Antema Tokiniaina Rakotoarivony. Depuis février, ce jeune styliste dévoile des vêtements conçus à partir de tissus d’ameublement – rideaux, nappes ou vieux canapés fatigués…. bref, tout sauf du tissu banal. Et le plus fou, c’est que ça marche.

Ambony Ambany mélange ordre et désordre, et prend vie dans l’esprit de son jeune créateur. Ce sont des vêtements taillés dans des tissus d’ameublement : rideaux, dessus-de-lit, salons démodés. « Le nom vient de cette complémentarité dans le chaos entre deux choses qui ne sont pas censées aller ensemble : l’ameublement et les vêtements. » Ny Antema Tokiniaina Rakotoarivony fait de la couture son mur d’expression. Il revoit chaque détail, relie les dessins, rajoute une symétrie presque instinctive. « Quand je couds, j’apprécie particulièrement les tissus avec une illustration : j’aime relier les dessins et trouver comment je peux en ressortir le meilleur. » À la machine comme à la main, les vestes et ensembles Ambony Ambany interpellent, autant par leur allure brute que par une finition soignée, presque exigeante. Adepte des matières épaisses, ce passionné collectionne lui-même ses tissus, les déniche un à un, parfois au détour d’une friperie ou d’un vieux grenier.

Comme un peintre avec ses couleurs, Ny Antema imagine ses modèles à partir des motifs qu’il découvre. Un long processus qui fait naître un prototype, une silhouette qu’il dupliquera et adaptera à la personne qui la portera. Car pour lui, chaque tenue est pensée comme un Ambony Ambany pour une personne. Il ne propose pas de personnalisation sur commande : il livre ce qu’il ressent, dans l’instant. « Cette marque, c’est ce côté sens dessus dessous, en désordre et contre les règles, en moi. » Il se souvient avec fierté de cette veste deux-en-un, rouge, en modèle unique, qu’il a réussi à composer avec à peine un mètre quarante sur un mètre trente de tissu de chaise. Un pari technique. Une obsession. Acharné, il donne forme à des pièces qui tiennent de l’élégance et du streetwear, entre allure et contre-pied.

C’est en 2021 que Ny Antema fait ses premières armes, auprès de sa mère, couturière de métier. Depuis, Ambony Ambany a pris forme, doucement mais sûrement : six modèles, plus d’une cinquantaine de pièces vendues, à Antananarivo comme à l’étranger. Une marque qu’il explore seul, de la coupe à la broderie du logo – parfois avec un petit coup de main maternel. À 23 ans, le jeune créateur tisse une voix singulière, entre art et mode, entre cohérence et étrangeté, entre qualité et made in Madagascar. « D’autres pièces seront bientôt disponibles. Mais pour l’instant, je montre surtout les vestes, parce que j’aimerais créer cette identité, et dire que j’utilise des tissus d’ameublement… sans le dire. » Pour demain, il rêve de pouvoir personnaliser ses propres tissus, d’ouvrir sa boutique. Et de faire entendre sa voix sur la scène internationale.

Rova Andriantsileferintsoa

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
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Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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