Soa Ravelo : Aux sons de l’océan Indien
14 décembre 2024 // Musique // 7166 vues // Nc : 179

On la connaît dans le milieu culturel réunionnais pour sa « mozika tsisy fefy » (musique sans frontières). Les nouveaux territoires de la chanteuse et auteure-compositrice franco-malgache ? Des morceaux sur la Femme et le passage sur terre. Comme quoi l’océan Indien, sa source d’inspiration, n’est pas que du vent et de la mer, c’est tout un esprit qu’elle traduit en musique.

En trois minutes et cinquante-neuf secondes, son clip « Ny Ampela » (La Femme) raconte le combat des femmes. Il n’est pas exagéré de parler de combat : la vidéo sortie le 25 septembre dernier montre deux tribus qui s’entraînent avec des lances. Les centaines de participantes survivent dans les montagnes volcaniques et les plaines de sable à La Réunion. Les deux cheffes de tribu, Soa Ravelo et Katy Toave du groupe Simangavole, se font ensuite face à face pour l’ultime bataille. Mais alors que leurs guerrières vont s’affronter, les deux cheffes croisent leurs lances pour faire la paix, et les deux groupes ne font plus qu’un. Changement de décor : les femmes célèbrent une cérémonie, dans une demeure majestueuse où trônent les deux cheffes, puis dans un lieu de culte. Elles portent du Katy Toave, des tenues exubérantes, un brin traditionnel ; le tout sur un rythme maloya, la musique des esclaves de La Réunion.

Avec une musique, une géographie et des looks propres à l’océan Indien, le clip pourrait être un stéréotype. Pourtant, il illustre tout le propos de Soa Ravelo : tout montrer de cet espace qui lui a tant manqué. Elle a grandi dans une famille malgache où on aime chanter. À sept ans, elle a performé avec Barbara Hendricks de l’orchestre de Biélorussie à La Réunion. Les retours positifs qu’elle a reçus en interprétant ses compositions l’ont amené à poursuivre la musique. « Quand on doit quitter son chez soi, son paradis natal pour aller faire des études dans le froid terrible des pays nordiques, on se rend bien compte de la chance et de la douceur de vivre qu’il y a sous nos tropiques. Se sentir déracinée pour mieux s’enraciner par la suite, et donc partir pour mieux s’équiper et mieux revenir a toujours été mon crédo. Aujourd’hui j’aime chanter la beauté de chez nous, car il y a encore tant à dire et à faire à son sujet ».

Pour chanter cette beauté, Soa Ravelo ne se cantonne pas à un seul genre. Des titres comme « Tsy ho folaka », « Rotsy », « Mamako e », et plus récemment « Ny Ampela » et « Fandalovana » voguent sur les musiques actuelles, du jazz jusqu’aux musiques du monde. « À ma façon j’essaie de rendre hommage à ma terre d’origine en intégrant au plus possible des textes écrits en Malagasy, en puisant soigneusement dans les trésors de chez nous ce qui pourrait sublimer encore plus ma musique. » Elle puise beaucoup de ses messages dans les sagesses populaires et spirituelles malgaches. Sa prestation cherche toujours à communiquer au mieux les thèmes de nos racines, du chemin de l’âme et des conditions de l’âme. « Je cherche l’être humain en moi quand je chante, car on a tous une fibre, une couleur, un message différent à exprimer. J’aime chanter la véracité du moment et c'est ce qui m’anime le plus dans ce que j’ai à exprimer à cet instant T. J’aime cultiver cette unicité et cette transparence qu’on a tous en tant qu’être humain ».

Mpihary Razafindrabezandrina

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Shows devant !

Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Prise de vue : no comment® studio 
Collaborations : Tanossi – Via Milano mg – HAYA Madagascar - Akomba Garment MG 
Make up : Réalisé par Samchia 
Modèles : Lana, Judicaël, Catuchia, Faravavy, Tojo, Mitia, Santien, Mampionona 
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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