Musée du Nord : Latérite et polaroïds
6 août 2025 // Sortir // 3720 vues // Nc : 187

Décrit par son fondateur Christian Ratovoarisoa comme un « musée 2.0 », le Musée du Nord à Ambohitrolomahitsy casse les codes. Ici, pas de cimaises blanches ni d’audioguides, mais des routes de campagne cabossées à parcourir en deudeuche décapotée. Plus qu’un musée au sens classique, c’est une expérience immersive, encore en chantier — au sens propre comme au figuré.

Le projet entend exposer « la vie quotidienne des Malgaches » en la vivant directement. Pour y accéder, il faut réserver sa journée et quitter Antananarivo pour Ambohitrolomahitsy. La route elle-même fait partie du dispositif muséal. Et la voiture ? Un musée ambulant : vieux téléphone à cadran sur la banquette arrière, objets artisanaux en vrac, quelques rapports de stage égarés. Le tout entassé dans une 2CV6 couverte de tags laissés par les visiteurs précédents. Sur la route, impossible de passer inaperçu — une expérience en soi, pour qui assume les regards. « La voiture est une métaphore de la vie malgache. Malgré son apparence, elle est en règle et fait sourire. Combien de sourires as-tu récoltés jusqu’ici ? » lance-t-il, en tapotant sa Citroën 2Cv. Une philosophie de la débrouille, version piste en latérite.

Sur place, le musée s’étend sur plusieurs sites aux noms évocateurs : le « Little Black Lake », asséché en hiver ; la « Route 33 », tranquille, où l’on peut poser devant une carcasse de voiture ; un champ de bataille de Ralambo dominant une rizière, avec un rocher surnommé Simba en clin d’œil au Roi Lion ; un village abandonné et un autre, habité mais silencieux, où se trouve le cœur du musée : une vieille maison, dont une salle est baptisée « la maison à l’envers ». Ici, pas de vitrines bien éclairées : plutôt des polaroïds en noir et blanc, des citations imprimées sur Word et un assemblage d’objets hétéroclites qui interrogent la démarche curatoriale… s’il y en a une. Ratovoarisoa privilégie une approche symbolique et pédagogique plus qu’historique. On y parle tradition orale, bonnes manières à la malgache et… agriculture.

Dernier site inscrit sur la liste manuscrite remise à l’arrivée : le « début d’autoroute de Madagascar », visible depuis la varangue du musée. L’un des cogérants confie que l’ouverture de cette infrastructure pourrait booster le projet. Pourquoi pas. En l’état, le Musée du Nord relève d’un tourisme rural à haut potentiel… encore largement inexploré. Il faut avoir le dos solide pour passer d’un site à l’autre, mais les paysages alentour compensent les cahots. Pour la suite, l’équipe mise sur la randonnée et la valorisation des parcours à pied.

Mpihary Razafindrabezandrina

Téléphone : 0342052080 / 0342222264

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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