Musée du Nord : Latérite et polaroïds
6 août 2025 // Sortir // 3674 vues // Nc : 187

Décrit par son fondateur Christian Ratovoarisoa comme un « musée 2.0 », le Musée du Nord à Ambohitrolomahitsy casse les codes. Ici, pas de cimaises blanches ni d’audioguides, mais des routes de campagne cabossées à parcourir en deudeuche décapotée. Plus qu’un musée au sens classique, c’est une expérience immersive, encore en chantier — au sens propre comme au figuré.

Le projet entend exposer « la vie quotidienne des Malgaches » en la vivant directement. Pour y accéder, il faut réserver sa journée et quitter Antananarivo pour Ambohitrolomahitsy. La route elle-même fait partie du dispositif muséal. Et la voiture ? Un musée ambulant : vieux téléphone à cadran sur la banquette arrière, objets artisanaux en vrac, quelques rapports de stage égarés. Le tout entassé dans une 2CV6 couverte de tags laissés par les visiteurs précédents. Sur la route, impossible de passer inaperçu — une expérience en soi, pour qui assume les regards. « La voiture est une métaphore de la vie malgache. Malgré son apparence, elle est en règle et fait sourire. Combien de sourires as-tu récoltés jusqu’ici ? » lance-t-il, en tapotant sa Citroën 2Cv. Une philosophie de la débrouille, version piste en latérite.

Sur place, le musée s’étend sur plusieurs sites aux noms évocateurs : le « Little Black Lake », asséché en hiver ; la « Route 33 », tranquille, où l’on peut poser devant une carcasse de voiture ; un champ de bataille de Ralambo dominant une rizière, avec un rocher surnommé Simba en clin d’œil au Roi Lion ; un village abandonné et un autre, habité mais silencieux, où se trouve le cœur du musée : une vieille maison, dont une salle est baptisée « la maison à l’envers ». Ici, pas de vitrines bien éclairées : plutôt des polaroïds en noir et blanc, des citations imprimées sur Word et un assemblage d’objets hétéroclites qui interrogent la démarche curatoriale… s’il y en a une. Ratovoarisoa privilégie une approche symbolique et pédagogique plus qu’historique. On y parle tradition orale, bonnes manières à la malgache et… agriculture.

Dernier site inscrit sur la liste manuscrite remise à l’arrivée : le « début d’autoroute de Madagascar », visible depuis la varangue du musée. L’un des cogérants confie que l’ouverture de cette infrastructure pourrait booster le projet. Pourquoi pas. En l’état, le Musée du Nord relève d’un tourisme rural à haut potentiel… encore largement inexploré. Il faut avoir le dos solide pour passer d’un site à l’autre, mais les paysages alentour compensent les cahots. Pour la suite, l’équipe mise sur la randonnée et la valorisation des parcours à pied.

Mpihary Razafindrabezandrina

Téléphone : 0342052080 / 0342222264

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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Make up : Réalisé par Samchia 
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Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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