Jean-Jacques Rakontondralay : Fin de projection
4 août 2025 // Histoire // 2284 vues // Nc : 187

Des salles de cinéma devenues lieux de location, puis temples pour églises charismatiques. Du plein essor à la fermeture, Jean-Jacques Rakotondralay y a passé des décennies. Aujourd’hui bureaucrate, le sexagénaire revient sur la grande passion de sa vie et ses années dans les salles de projection d’Antananarivo. Et… coupé !

Cinéphile invétéré, grand fan de Jim Kelly, Jean-Jacques est tombé dans le cinéma comme Obélix dans la potion magique. Son père, contrôleur puis caissier dans une salle de la capitale, l’y a initié très jeune. « En 1978, j’avais 18 ans. Je sillonnais les salles de Tana : Soa à Behoririka, l’immeuble Luxor d’aujourd’hui, Ako, Ritz, Roxy et Rex Analakely. Huit Ariary devant, douze au milieu et vingt au balcon », raconte-t-il, les yeux brillants.

Plus tard, il reprend le métier paternel et transforme sa passion en gagne-pain, témoin direct de l’âge d’or des salles. « Les queues n’en finissaient pas. Des îles voisines et des petites salles venaient chercher leurs films chez nous », raconte-t-il, nostalgique. Le cinéma ouvrait alors Madagascar au monde : westerns, espions, drames, et ces fameuses courses entre projectionnistes pour changer de bobines à la volée.

Puis arrive 1985. L’État réquisitionne les salles. Le directeur général du Consortium cinématographique est expulsé. « On diffusait des films moins attirants, plus propagandistes », soupire Jean-Jacques. Les films diffusés avaient perdu de leur qualité et de leur exclusivité. Peu à peu, les salles se dégradent, ferment. En 1996, le rideau tombe définitivement. « Quand je passe devant ces bâtiments grillagés, j’ai un pincement au cœur. J’y ai laissé une grande partie de ma vie », confie-t-il.

À la nostalgie des vakodrazana avant projection succède l’amertume. Les cinés deviennent des « balle de ping-pong » entre dirigeants successifs. Les films perdent qualité et exclusivité. Jean-Jacques regrette aussi l’époque des visas stricts (A, B, C) et des contrôles rigoureux. « Le cinéma devait éduquer. La police des mœurs passait, et gare aux infractions ! » Aujourd’hui, la prolifération des « ciné-gargotes » – maisons transformées en salles avec TV et cassettes pour 50 Ariary – le désole. Depuis 2007, les anciennes salles du Consortium (Tana, Antsiranana, Toamasina…) appartiennent à une société privée, louées pour spectacles et cultes. Jean-Jacques, lui, s’est adapté au streaming… sans oublier ce passé vibrant. Les projecteurs sont éteints, mais les souvenirs restent allumés.

Rova Andriantsileferintsoa

Laisser un commentaire
no comment
no comment - Exposition : L’économie a bonne mémoire

Lire

10 octobre 2025

Exposition : L’économie a bonne mémoire

De l’époque des royaumes à l’ère républicaine, Madagascar raconte son parcours économique à travers une exposition inédite. Organisée par FTHM Consult...

Edito
no comment - La fierté en prolongations

Lire le magazine

La fierté en prolongations

Il y a des moments où Madagascar oublie ses 23 régions et vibre à l'unisson. C’était le cas lors de la dernière édition du Championnat d'Afrique des Nations l'a bien montré. Les Barea, match après match et en devenant vice-champions d'Afrique, ont fait que bien des Malgaches se sont découverts fans du ballon-rond. Chaque coin de rue, chaque taxi-be, chaque salon étaient transformé en fans-zone. Chaque passe et chaque drible était commenté comme si l'avenir du pays en dépendait. Et peut-être que c'était le cas. C’est fou le foot ! Rendez-vous à la Coupe du monde ?Mais ces moments de joie et de fierté collectives ne sont pas qu’au stade. Ca serait réducteur de penser ainsi. Le rapatriement du crâne du roi Toera a réveillé un sentiment patriotique forts dans le cœur de millions de Malgaches. L’événement national a fait ressurgir un passé qu'on pensait enfoui dans les livres. Des Sakalava aux habitants des Hauts Plateaux, tous ont exprimé leur fierté. Nous avons des aïeux braves !Et puis, il y a ces jeunes qu'on oublie souvent, mais que No Comment essaie de mettre en avant. Ils brillent même souvent loin des projecteurs. Grâce à leurs exploits – en raflant médailles et coupes dans des tournois continentaux et mondiaux de robotique et intelligences artificielles – Madagascar est davantage connu du monde. On en parle moins, alors que leur succès est aussi intense qu'un but à la dernière minute.Force est de dire que ce qui nous rassemble, ce sont ces vibrations partagées. Ces événements mettent entre parenthèses notre quotidien et font vibrer notre cœur de Malgache. Un but, un crâne de roi, une invention IT... Peu importe, tant que ça prouve qu'ensemble, Madagascar peut faire bouger les choses.

No comment Tv

Making of shooting mode – OCTOBRE 2025 – NC 189

Retrouvez le making of shooting mode du 𝗻𝗼 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁® magazine, édition octobre 2025 - NC 189. 
Prise de vue : Golden Cheerz 
Collaborations : Tanossi  – Via Milano mg  – HAYA Madagascar  - Akomba Garment MG - Carambole 
Make up : Réalisé par Samchia
Modèles : Rantoniaina, Wendy, Christelle, Manoa, Rina, Mitia, Santien, Mampionona
Photos : Andriamparany Ranaivozanany

Focus

MOOR1NG

MOOR1NG au Palais des Sports Mahamasina

no comment - MOOR1NG

Voir