Andria : Une pop caméléon
9 mars 2025 // Musique // 7461 vues // Nc : 182

Entre rage rock, envolées classiques et rythmes malgaches, Andria bouscule les frontières musicales. Installé à Londres après un parcours de Madagascar à la France, l’artiste compose une pop vibrante, nourrie d’influences multiples, de Bach à Rage Against the Machine. Engagé et audacieux, Andria défend une musique sans étiquette, à la fois puissante et inclusive. Rencontre avec un musicien qui fera encore dialoguer les cultures et les genres dans un album prévu cette année.

Ton parcours de Madagascar à Londres influence-t-il ta musique ?
Bien que je sois heureux de vivre en Europe, Madagascar me manque énormément ! On réalise vite que l’art est un moyen peu coûteux de voyager à travers le temps et l’espace. Après vingt ans en tant qu’étranger, j’ai la chance d’avoir une vision plus ouverte. On voit aussi comment une loi abrogée ici peut coûter des vies ailleurs. Nous aspirons tous à un monde plus juste et plus uni, et c’est cette vision que j’essaie de traduire dans ma musique.

Comment ta formation au conservatoire influence-t-elle ta pop ?
Je suis reconnaissant pour ces années d’apprentissage ! Mais le plus dur n’est pas de savoir jouer, c’est de trouver ce qu’on veut vraiment dire. Aujourd’hui, la musique classique brise ses propres règles tandis que la pop les suit à la lettre. Avoir appris ces règles permet justement de les contourner et de repousser les limites d’une pop parfois trop formatée.

Tes influences vont de Rage Against the Machine à Bach en passant par Madagascar. Comment les intègres-tu ?
J’essaie de rendre hommage à toutes mes inspirations avec respect. Partout où il y a des gens, il y a de la musique incroyable ! C’est une langue universelle. Mes parents m’ont appris que tous les genres sont liés. La pop, ce n’est pas juste de la musique « populaire », c’est une musique pour et par tout le monde. Comme avec les rencontres humaines, il faut dépasser la surface et voir ce qui unit ces sons.

Comment fais-tu de la pop un genre inclusif, au-delà de la musique ?
Ma vidéo YouTube sur le général Gallieni a été supprimée pour « infraction politique ». On profite de ces plateformes, mais leur censure et leur manque de transparence sont révoltants. À l’ère de la désinformation, il faut chercher les faits vérifiables. Si militer pour un monde plus juste dérange, alors continuons à le faire !

Comment définirais-tu ton style musical et ton esthétique ?
Difficile de parler de soi sans paraître égocentrique ! Avec le temps, on comprend que le style n’est pas l’allié de la sincérité. Sans renier mes influences, j’espère que l’évolution sera une constante. Aujourd’hui, on peut enchaîner Metallica et Taylor Swift dans une playlist et c’est génial ! Qui ne rêverait pas d’un album où cohabitent Hira Gasy, pop, rock, classique et jazz ?

Tes morceaux « Gallieni » et « Liberty » traduisent-ils un engagement récurrent ?
Bien vu ! Toute œuvre est engagée, d’une manière ou d’une autre. L’an dernier a été une belle année pour moi, c’est peut-être pour ça que j’ai eu envie d’écrire sur la liberté et la société plutôt que des chansons plus intimes. Malgré le climat politique tendu, on a aussi besoin de légèreté et d’optimisme. Parfois, il faut juste rire un bon coup !

Des projets à venir ?
Merci de demander ! Je termine mon album qui sortira cette année, avec des clips stylés et des concerts à Londres. « I (One) » aura un son massif : chœurs, cordes orchestrales, solos de guitare épiques et synthés 80’s. J’ai hâte de le partager avec vous !

Propos recueillis par Mpihary Razafindrabezandrina

Spotify: Andria
Instagram : andriafeed
Photos : Andria

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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