Julien & Myrrha : Regards croisés
6 octobre 2020 // Mode & Design // 5529 vues // Nc : 129

Un nouveau regard sur l’artisanat, c’est la raison d’être de Mijery, une maison d’édition d’objets d’intérieur. Créée par Julien Lestrille et Myrrha Randriamiarisoa, cette maison reflète le savoir-faire malgache, les rencontres et l’unicité.

Quand deux cultures, celles de Julien Lestrille et Myrrha Randriamiarisoa se croisent, cela donne Mijery (Regard). Une nouvelle façon d’aborder le design et la culture malgaches à travers des objets, porteurs de sens et d’histoires. Julien, designer, réalise un voyage initiatique à Madagascar en 2014 pour aller à la rencontre des traditions malgaches et de l’histoire artisanale de l’île. Il y revient quatre ans plus tard pour poursuivre l’aventure et créer une maison d’édition qui conçoit et fabrique des objets d’intérieur responsables et durables. « Mijery Édition est né et déterminé par la volonté d’ouvrir un regard différent sur les savoir-faire artisanaux d’exception comme ceux de Madagascar. Nous voulons apporter de latransparence sur l'ensemble

du processus de fabrication. De l'inspiration du designer à l'origine des matières utilisées, en passant par l'artisan qui a fabriqué l'objet. Nous sommes convaincus que si nos objets ont une histoire et qu'ils sont uniques, alors nous créons de l'attachement. L'attachement créant la pérennité. » Raison pour laquelle, la rencontre est au cœur du processus de création.

Le couple parcourt le pays pour collaborer avec les artisans dont les techniques de travail restent ancestrales et authentiques. Les matières utilisées sont également choisies dans un esprit collectif car l’artisan reste expert en la matière. Par exemple, la collection de chandeliers Obi se décline à travers la poterie en mettant en valeur l’ocre, mais aussi la fonderie en utilisant des métaux recyclés de casseroles et de cocottes, un savoir-faire originaire d’Ambatolampy et par l’ébénisterie avec le travail du bois, héritage du peuple Zafimaniry. « Nous attachons beaucoup d’importance à utiliser autre chose que les bois dits précieux car Madagascar regorge de bois magnifiques et qui ont une pousse dite rapide. Nous utilisons par exemple, le varongy ou le vintanina, traditionnellement utilisés en menuiserie. » Et pour l’inspiration ? « Les ornements géométriques que l’on retrouve dans les meubles traditionnels malgaches se sont mariés à mes inspirations artistiques », explique Julien. « Dans la collection OBI, on retrouve des références telles que les vases d’Ettore Sottsass, les œuvres de Daniel Arsham ou l’influence des films de science-fiction comme le Cinquième Élément ou Star Wars. D’un point de vue créatif, on s’attarde à imaginer des objets intemporels, pour qu’ils puissent traverser le temps et les générations ».

Le processus de création se poursuit par la phase de prototypage avec les artisans et la validation du processus de production. Pour les fondateurs, il est important de rester sur une production raisonnée et raisonnable. Ainsi, les objets créés s’inscrivent dans une démarche humanitaire et éthique. Les artisans qui collaborent avec eux sont rémunérés à la hauteur de leur valeur ajoutée pour leur assurer une vie décente. « Nous sommes conscients de l’impact que nous avons écologiquement, puisque nos objets traversent le globe. Nous souhaitons agir à notre niveau pour limiter cet impact. Cela passe par le choix des matières, par exemple, le laiton que nous utilisons est du laiton recyclé, les bois choisis ne sont pas des bois précieux. Et nous collaborons avec l’association malgache OP500 pour replanter des arbres et aller éduquer dans les villages sur l’importance de reboiser l’île. » Pour la maison, ce dernier trimestre est chargé entre la clôture de la production de la première collection de chandeliers Obi et la commercialisation sur la marketplace (marché en ligne) Designer Box, le lancement de la deuxième collection de plateaux Niel et la nouvelle branche Mijery Studio, un studio de création dédié au design d’objets et d’espaces d’intérieur sur mesure.

Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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Photos : Andriamparany Ranaivozanany

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