Timoty Amiel : Le temps d’un pinceau
9 décembre 2023 // Arts Plastiques // 4528 vues // Nc : 167

Il peint le futur et le passé à l’acrylique. Timoty Amiel Randriamalala, de son nom d’artiste Timoty, réalise la couverture du no comment® magazine de ce mois de décembre. Il y décrit une vie sans crainte, présenté sur un portrait d’un jeune à la peau bleue, et une texture de fond inspiré du ciel. Peintre, street artist, plasticien, et sculpteur, Timoty se professionnalise en 2020, en passant d’ateliers à ateliers à Antananarivo.

« Sans crainte du temps », en quelques mots ?
C’est une œuvre que j’ai créée en août 2023 : le cercle représente le soleil, et est associé au ciel, au sacré de l’humanité. Le bleu représente le ciel, l’infini, le vide d’où jaillit l’existence : couleur d’une chanson que j’apprécie « La femme a la peau bleue ». La main droite représente le futur, une arme bénissant, alors que la gauche est la négativité : mais toutes les deux levées en même temps signifient « sans crainte ». Le fond joue sur des teintes subtiles de rouge inspiré du ciel : parfois, en le prenant en photo, l’on découvre, au numérique, une texture hors du commun, qui rend parfaitement sur une toile.

De mes œuvres, comme celle-ci, j’aime cacher les coins pour que l’on ne remarque pas qu’il s’agit d’une couleur unique aux teintes différentes sur le fond.

Parle-nous de « Zignôma » ?
C’est un mot que j’ai créé quand j’étais petit : si avant, cela n’avait pas eu de sens, il est devenu le nom d’une tournée nationale. Le temps dans les œuvres, je dis souvent que Zignôma est une élévation vers un monde à l’envers : il s’agit d’inverser le cycle de dégradation. Plus simplement, c’est regarder devant pour parler du passé (Taloha), et à l’arrière pour raconter le futur (Aoriana). Cette année, l’Alliance Française en a fait une tournée, nous menant à Antsirabe, Ambositra, et Nosy Be. Le spectacle retrace le concept : il y a neuf tableaux sur scène, deux peintres, et un poète. Sur cette scène, un peintre part du passé, l’autre du futur, pour se rencontrer sur une image. La poésie représente un enfant qui suit ce tracé, grandit, vieillit, et rajeunit.

Tracer le passé…
J’ai commencé à dessiner en étant enfant. Par les recherches et les livres, je suis resté autodidacte avant de me professionnaliser en 2020, temps où j’ai intégré l’association C’ArtBON à Sabotsy Namehana. J’y ai appris les bases, et les différents médiums possibles. Je travaille surtout avec de l’acrylique, et parfois un mélange avec le plâtre. Depuis 2022, je me suis mis au Street Art sur des peintures au même style. De cette manière, j’ai placé mes fresques murales dans toute l’Île, sauf à l’Ouest. Mes œuvres racontent le temps : le passé, et un voyage dans le futur. Elles s’éloignent assez de l’abstrait : j’aime cacher ce côté-là, et jouer avec les nuances de couleur. Pour chacune d’elles, le regard occupe un espace clé : de chaque portrait, il y a toujours une différence entre le sens de la tête et celui du regard. En thème, comme en choix de palettes, j’approche le temps et le passé.

Et le futur ?
Je prépare une exposition où cette fois, ce sont les pieds qui créent par la danse. Il s’agit de se dire : et si l’on pouvait exprimer des émotions de cette manière. Cette exposition, prévue pour 2024, sera, bien sûr, une collaboration avec des danseurs. Mais à part cela, je continue à créer sur la toile, le verre - en collaboration avec un ami - sur les vestes, et bientôt sur les pots de fleurs. Depuis mes débuts, j’ai réussi à vendre une quinzaine d’œuvres, ce qui m’a permis de rester professionnel. Ce sont des œuvres qu’il a fallu partager, non pour se vanter, mais pour partager : ne pas les montrer aux autres serait plus un acte égoïste. Pour moi, un artiste est un être intelligent, dans un sens où il ose se vouer à ce qui le passionne, en faire son travail, sans perdre son fil dans un monde où il faut bien survivre.

ZignômA
Vivre au milieu des idéaux, à recommencer par la fin et inverser le cycle de la dégradation.
Élévation vers un monde à l’envers.
Acrylique sur toile
120*80cm
BONA DEA
Technique mixte sur toile
30*30cm
Why Za? Ho aiza aho? 
Pourquoi moi? Où irai-je ?
Acrylique et collage photos sur toile
80*60cm
Tentina hafanàna 
Miendrika hazavàna
Feo 
Mitempo
Mampientana ny retsi-tsaina
Acrylique sur toile

Propos recueillis par Rova Andriantsileferintsoa

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Il fut un temps — pas si lointain — où le cinéma malgache était timide, réduit à quelques projections confidentielles et à des moyens de fortune. Depuis un certain temps – ironie du sort ou simple justice poétique – ce sont nos films qui s’invitent sur les écrans du monde et des festivals sur les cinq continents. Felana Rajaonarivelo, Kuro Mi qui ont été récemment primés dans des festivals internationaux. Avec cette nouvelle génération de cinéaste, Madagascar rafle les prix et, surtout, les regards.
Il fut une époque où parler de « cinéma malgache » provoquait un sourire poli, celui qu’on réserve aux rêves un peu fous. D’autres se moquaient ouvertement de ces productions de niveau abécédaire. Désormais, ces points de vue moqueurs s’effacent pour laisser place à l’admiration. Les images sont plus nettes, les scénarios plus affûtés, les voix plus assurées. On sent cette montée en gamme, cette fierté tranquille d’un art qui prend enfin confiance en lui. Et c’est beau à voir — comme une pellicule qu’on aurait enfin sortie du grenier pour la projeter au grand jour.
Certes, des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures, de financements, de formation… mais le vent tourne. Et ce vent-là sent la créativité, la sueur, et un peu de ce grain de folie propre à nos conteurs. La Grande-île ne veut plus être simple figurant dans l’histoire du septième art. Madagascar s’installe, doucement mais sûrement, dans le rôle principal. Au fond, ce renouveau n’est pas qu’un phénomène culturel. C’est une déclaration : ici aussi, on sait raconter. Et mieux encore, le faire rêver.

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