Zaratiana Randrianantenaina : Danser pour dé-frustrer
12 août 2019 - CulturesNo Comment   //   2217 Views   //   N°: 115

Né d’un père et d’une mère malgache, Zaratiana a pourtant vécu à l’étranger depuis son jeune âge. Son besoin de se surpasser en tant que Malgache la propulsent parmi les danseuses contemporaines les plus en vogue à l’internationale avec une cinquantaine de productions et un prix « Jeune espoir » en 2001.

Zaratiana Randrianantenaina a 37 ans mais en paraît moins. Avec son corps athlétique de danseuse contemporaine, elle s’est performée en danse théâtre. Basée en Allemagne, elle n’en oublie pas pour autant Madagascar. Dans sa pièce Raushen (Interférence), produite en janvier, elle parle même en malgache et y décrit l’exhumation à Madagascar. « Parler de ma culture est un magnifique devoir de mémoire. » Elle en fait de même dans la pièce Kreatur (Créatures) qu’elle a présentée avec sa compagnie Sasha Waltz and Guests en mars dernier à l’Institut Français de Madagascar. « Sur scène, je marmonne quelque chose comme une personne handicapée incapable de parler sa propre langue. C’est comme ça que je me sens en Allemagne. J’exprime ma frustration à travers mes pièces ! » Mais pas que ! Son plus grand défi réside dans le fait d’être acceptée ou non par la communauté internationale. En 2015, elle interprète la pièce classique Roméo et Juliette. « Je me suis demandée si le public allait accepter une Juliette noire. Est-ce qu’ils vont apprécier mon art au-delà des critères physiques ? Je ne connais pas la réponse mais en tout cas je me suis affirmée en étant moi, une Malgache pur-sang. »

Zaratiana fait une centaine de représentations par an à travers le monde (Etats Unis, Amérique latine, Europe, Chine, Japon, Madagascar, etc.) depuis 2001. Elle travaille ce mois avec sa compagnie pour une représentation au Deutsche Oper. Mais pour en arriver là, elle a fait du chemin. A huit ans, sa mère, sa petite soeur et elle sont parties de Madagascar pour rejoindre leur père en France. « Arrivée là-bas, je n’étais pas à l’aise avec les codes sociaux. Je me suis sentie restreinte, pas comme à Madagascar, où je pouvais tout faire comme courir dans les rues, aller à l’école à pied ou en calèche. Face à ce changement, je suis devenue hyper active. » Ses parents l’ont alors inscrite dans des cours de judo, de karaté, d’athlétisme et d’expression corporelle. De là débute son aventure dans la danse. « La professeure m’a dit que j’étais dotée d’un bon sens du rythme pour mon âge et que je devrais faire de la danse. »

Zaratiana a étudié la danse contemporaine au Conservatoire de Musique et de Danse de Paris à partir de 13 ans. Elle y a rencontré le pédagogue et chorégraphe Sudafricain Peter Goss. « Il m’a beaucoup influencé sur mon approche du mouvement du corps. J’ai ensuite avancé vers la danse contemporaine. » S’il y a trois mots pour décrire les mouvements de Zaratiana, ce seraient la fluidité, la légèreté et la justesse. En 2001, elle gagne le prix Jeune Espoir grâce à sa chorégraphie Mal de soi lors du 9e concours international de danse de Paris. « Mal de soi ne veut pas dire que je ne suis pas heureuse. C’est un choix de mener une carrière hors de sa terre natale. Il n’empêche que quand on est coupé de ses racines, ce n’est pas toujours évident. C’est devenu obsessionnel pour moi de vouloir rappeler d’où je viens. » Et elle compte consolider cette appartenance à Madagascar. Zaratiana prévoit des projets d’échanges et de co-création avec des danseurs et artistes malgaches. Le coeur y est 

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