Zanaray Percussions : Groupe qui frappe
7 mai 2014 - Cultures MusiquesNo Comment   //   1532 Views

Dans le Sud-Est, on aime prendre son temps. La preuve, il aura fallu dix ans aux  frères Zanaray et quelques rencontres magiques (Youssou N’Dour) pour sortir enfin leur premier album « Somasoman-daza ». Polyrythmies  savantes, mélange de  roots et de fusion,  avec eux ça frappe fort et juste.

« Somasoman-daza  s’inspire d’un jeu où les enfants se mettent en cercle à la pleine lune. Un jeu typique du Sud-Est, notre région natale », explique NyAina. Cette référence  aux jeux de l’enfance revient comme un leitmotiv à travers des morceaux comme Batone, le jeu des bâtonnets. Dans Menaky, le propos est plus grave : il y est question de voleurs d’huile, allusion à peine voilée à la corruption. « On a  des messages à faire passer, des choses à dénoncer, mais on ne veut pas être des donneurs de leçons. » Ce nom de Zanaray (littéralement, nés d’un même père) est on ne peut plus approprié car les cinq membres du groupe sont frères, et tous percussionnistes : NyOnja à l’aponga be (gros tambour traditionnel), Andry aux congas, bongos cubains et djembé, Tanjona au cajon (d’origine péruvienne), Johanne au tary et chant et NyAina au lapa (également péruvien) et congas. Au total, une quinzaine de percussions tant malgaches, africaines que latino-américaines, pour de savantes polyrythmies qui se suffisent amplement à elles-mêmes. « Pas besoin de guitares, de claviers ou de cuivres, nos percussions les remplacent et s’intègrent naturellement au chant et à la danse. »

Dès les débuts du groupe en 2004, âgés d’une quinzaine d’années, ils savent clairement ce qu’ils veulent  :  mettre en valeur les rythmes du Sud-Est sans s’interdire des incursions dans d’autres territoires fusion.  « On s’inspire beaucoup des rythmes traditionnels malgaches, africains, réunionnais et latinos. On est très influencés par des gens comme Giovanni Hidalgo, le percussionniste portoricain qui a mis au point la technique moderne des congas. On aime bien aussi le jazz afro-caraïbéen façon Ultramarine. »  Bref, un sens aigu de la world qu’ils ont eu largement le temps de peaufiner en dix ans d’existence, en jouant à l’extérieur avec des pointures comme Youssou N’Dour, le roi du mbalax sénégalais. Et pas n’importe où… au Grand Rex, salle mythique parisienne ! On les a également vu croiser les percussions avec le  groupe indien Shakti dans un esprit fusion ouvert à toutes les aventures. Mais leur parcours ne se limite pas  à la scène musicale. Ils enseignent également les percussions au CGM (Cercle germano-malgache) d’Analakely et accompagnent couramment les danseurs, comme la chorégraphe Saroy Rakotosolofo. « Notre plus grande fierté est d’avoir enseigné les percussions à des sourds et muets à La Réunion. Là tu comprends que tout est question de vibration et que la musique est d’abord don de soi », commente NyAina. Le groupe ne devrait pas attendre encore dix ans pour donner une suite à  Somasoman-daza  : « Le second album est déjà en route, mais on aime prend notre temps… » Donc pas de date, mais une chose est sûre, c’est encore un album qui va frapper.

Aina Zo Raberanto

COMMENTAIRES
Identifiez-vous ou inscrivez-vous pour commenter.
[userpro template=login]