Ndrambavy Elina : La fille de son père
1 juillet 2014 - Cultures MusiquesNo Comment   //   2567 Views

Le talent n’attend pas le nombre des enfants. Après Roseliane, Eusébia, Eliane, Anderson et Jackson, voici Ndrambavy Elina, l’autre fille de Jaojoby Eusèbe qui promet de faire aussi bien voire mieux que son papounet. Il est vrai que ses mélanges de salegy et de malesa nimbés de synthétiseurs nous disent clairement qu’on a changé de siècle…

Dans la famille Jaojoby, je demande la fille. Après Roseliane, Eusébia, Eliane – et sans parler de fistons Anderson et Jackson – voilà que la famille nous dévoile un nouveau nom : Ndrambavy Elina, nouvelle princesse du salegy puisque son père en est le roi ! Chanteuse et danseuse, la belle peut se vanter d’être tombée toute petite dans le rythme tropical. Et comme son paternel une sacrée bosseuse – la marque des plus grands lui a-t-il sans doute appris. Entre 2012 et 2013, elle a enchaîné festival sur festival, notamment celui de Libertalia à Sainte-Marie. Et elle vient tout juste de terminer en décembre son tour de Madagascar. Qu’on lui prête un air de Vaiavy Chila ou de Tence Mena, c’est aux plus grandes ambassadrices du salegy qu’on pense. Un morceau comme Anjarako tsy Ariako est sans ambiguité là-dessus. Et comme ces dernières reviennent immanquablement à l’influence qu’a pu avoir Jaojoby Eusèbe sur elles, c’est au moustachu électrique qu’on en arrive toujours !

Pour ceux qui seraient nés d’hier, Jaojoby (59 ans, mais il ne les fait pas) est ce petit gars d’Anboahangibe, près de Sambava, en pays Betsimisaraka, qui a su porter le rythme 12/8 à des hauteurs jusque-là insoupçonnées. Nourri aux « bals poussière » des années 60, il est de cette génération qui voit apparaître les premières guitares électriques et les premiers amplis. Adapté aux rythmes traditionnels du Nord-Est, certains vieux de plusieurs siècles, cela va donner le salegy, cette espèce de « rock » tropical dont il pose les bases dans les années 70 dans des formations aussi mythiques que Los Matadores à Diego ou Les Players toujours à Diego. Le salegy comme genre à part entière explose vraiment en 1987 avec l’album Les Maîtres du Salegy  et son tubissime Samy mandeha samy mitady ou l’extraordinaire funky gasy Nanaino Ndreky. Le reste appartient déjà à l’histoire.

« Pas évident d’être la fille d’une légende », explique Ndrambavy Elina. « D’un côté, cela m’a permis de signer quelques contrats quand je débutais, mais de l’autre ça me met toujours dans la situation de devoir prouver que je vaux quelque chose par moi-même. » Le blues des fils et filles de… Demandez à Julian Lennon, à Ziggy Marley ! « Toujours ce sourire condescendant qui semble dire : ah oui c’est la fille d’Eusèbe, elle chante bien mais elle n’a aucun mérite… » C’est oublier toutes les heures passées toute seule dans son coin à s’entraîner pour maîtriser son corps et sa voix. Et puis les premières récompenses quand elle intègre par la petite porte les groupes Fandrama et Andak’s. « J’ai appris le métier par le bas. Je sais ce que c’est que d’être une voix dans un choeur, une paire de jambes sur une estrade… »

La réalité est que la petite a ça dans le sang. Génétiquement programmée pour faire du salegy. Et pourquoi aller au-delà ? Par exemple avec le trôtrobe, une danse sakalava mélangeant salegy et malesa qu’elle remet à l’honneur dans ses spectacles « Le malesa est une danse de couple plus lente et plus sensuelle que le salegy, c’est vraiment le quart d’heure romantique qui fait la différence dans une soirée… » Et tout aussi innovante quand elle apporte une coloration rock à ses orchestrations, en ajoutant à l’accordéon traditionnel guitares électriques et synthétiseurs futuristes. Pas encore le salegy psychédélique mais ça viendra !

Solofo Ranaivo

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