Lambosoa Rajaonah
1 février 2014 - MusiquesNo Comment   //   1596 Views   //   N°: 49

La Basse attitude

À 46 ans, il a l’élégance de ne pas se considérer comme un Dieu vivant de la contrebasse. Juste un « musicien de bonne volonté qui tente de se dépêtrer comme il peut de ce grand corps encombrant ». Façon de parler car depuis 2011 qu’il en joue, il reconnaît que c’est un instrument tout à fait dans ses cordes.

Contrebassiste au sein du trio qu’il anime avec le bassiste #JoëlRabesolo et le batteur Miora Rabarisoa, #LambosoaRajaonah a débuté dans une autre formation loin de Madagascar… au Laos précisément. « J’y ai vécu huit ans. J’y ai accompagné notamment le pianiste chanteur Paul Carter et le batteur français Clément Bailly (N.D.L.R., musicien de Renaud, Antoine, Jean-Claude Vanier). Nous avons joué à peu près une année ensemble. » De retour à Madagascar en août 2013, il découvre la scène ouverte du Buffet du Jardin Antaninarenina, organisée par le saxophoniste Nicolas Vatomanga. Par un concours de circonstance, il fait la rencontre de Joël Rabesolo et de Miora Rabarisoa avec lesquels il tisse une vraie complicité musicale. Grâce aux compositions du jeune bassiste, le trio se lance dans des morceaux à la fois soul et funky. « Nous aimons les mêmes styles de musique, nous nous comprenons facilement. Le groove est ce qui nous soude les uns aux autres. »

Baignant au départ dans le hard rock et le metal, il s’intéresse tout naturellement à la guitare, qu’il abandonne assez vite y trouvant finalement peu de satisfaction. L’ombre imposante de la contrebasse s’impose alors à lui. « Il y a cette remarque du contrebassiste américain John Patitucci qui dit que dans un orchestre de jazz, la contrebasse est le tapis sur lequel les autres musiciens marchent. J’aime bien cette idée, je crois qu’elle est assez juste, et en tout cas plus exacte que cette idée qui veut que le bassiste ou le contrebassiste soit un simple accompagnateur. En fait il contribue à donner le tempo, à dicter la texture harmonique. Une ligne de basse mal construite empêche l’orchestre de décoller… »

Avec ses rondeurs rassurantes, la contrebasse apporte un vrai confort à l’orchestre. Toujours à l’honneur au sein des formations classiques, elle est aussi indissociable du jazz où elle est familièrement appelée la « grand-mère » (Jouer de la contrebasse, dans l’argot du jazz, se dit ainsi « peloter la grand-mère »). Qu’on l’utilise avec un archet ou en pinçant les cordes avec ses doigts (en pizzicato), son jeu est forcément physique. Normal, l’instrument peut mesurer jusqu’à 2,05 m ! « La première fois qu’on joue de la contrebasse, on risque de se faire très mal à la main, à moins d’avoir déjà l’expérience de la guitare basse. » Les cordes (en boyau ou en métal) permettent cependant de tirer des sonorités profondes qui vont structurer la section rythmique. À moins de se lancer dans une walking-bass, un accompagnement totalement improvisé dans la grande tradition des Ron Carter et Charles Mingus. Un exercice où il excelle.

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