Vorombe Titan : L’oiseau-éléphant ne volait pas !
14 mai 2019 - NatureNo Comment   //   2835 Views   //   N°: 112

Le plus grand oiseau vivant sur Terre a vécu à Madagascar il y a 10 500 ans. Les scientifiques, dont le Dr James Hansfor, l’ont baptisé Vorombe Titan. Incapable de voler, ce mastodonte à plumes pouvait peser jusqu’à 850 kg et atteindre 3 mètres de long. Sauve qui peut !

Dr James Hansford et Dr Pat Wright

Vorombe Titan, l’oiseau éléphant.

Une certaine confusion s’est installée aux XIXème et XXème siècle parmi les scientifiques, en Angleterre et en France, sur l’existence du plus gros oiseau du monde. Cette confusion a conduit à une étude non aboutie sur les oiseaux. Cela jusqu’à ce que le Dr James Hansford de l’Institut de zoologie de Londres se mêle à la partie en 2013. Dans une étude publiée dans le Royal Society Open Science en septembre 2018, le Dr James Hansford et son collègue le Dr Pr Samuel Turvey ont conclu que le Vorombe Titan a été le plus grand oiseau du monde. « Je menais une étude sur la diversité des oiseaux-éléphants pour voir combien il y avait d’espèces. Pour ce faire, j’ai mesuré beaucoup d’ossements de jambes trouvés dans des musées en Europe, aux États-Unis et à Madagascar. L’une des mesures que j’ai prises était la circonférence du fémur ou l’os de la cuisse, qui peut être utilisée pour estimer le poids des oiseaux.

Les os fossiles du Vorombe Titan

Les circonférences des fémurs de Vorombe Titan sont plus grandes que tout autre oiseau enregistré et sont donc les plus gros oiseaux du monde », affirme le Dr James Hansford.

Titan ? Le Vorombe pesait 650 kg, pouvait même atteindre 850 kg, et mesurait près de trois mètres de la tête à la queue. Bien que certains oiseaux éteints de Nouvelle-Zélande appelés les Moa soient aussi baraqués que le Vorombe Titan, les os de ce dernier sont beaucoup plus larges et robustes, ce qui indique qu’il était beaucoup plus lourd que le Moa. Il bat aussi l’Aepyornis maximus, également originaire de Madagascar, décrit par le scientifique C.W. Andrews en 1894 comme le plus gros oiseau du monde. « En fait, ce sont des oiseaux-éléphants de la même famille, mais le Titan est sensiblement différent d’Aepyornis maximus et Aepyornis hilbebrandti.

Nous devions donc lui attribuer un nom d’espèce distinct, Titan, mais également un nom de genre distinct, Vorombe. » Actuellement, les scientifiques n’ont reconnu que quatre espèces d’oiseauxéléphants, mais il pourrait y en avoir plus : Vorombe titan, Aepyornis maximus, Aepyornis hildebrandti et Mullerornis modestus.

Ces oiseaux se trouvaient dans le sud de Madagascar, sur la côte ouest près de Belosur- Mer et à Antsirabe. L’étude des os fossiles de ces oiseaux ont également permis de conclure que l’Homme était déjà présent sur l’île, il y a 10 500 ans, soit 6 000 ans plus tôt que ce que l’on pensait ! Les os présentent en effet des fractures et des entailles qui ne proviennent pas de blessures naturelles. Selon Patricia Wright, primatologue et anthropologue de l’Université d’État de New York à Stony Brook, cette découverte remet en cause l’arrivée des premiers humains à Madagascar. « Bien que ces oiseaux aient pu survivre jusqu’au XVIIème siècle, les enregistrements au radiocarbone indiquent qu’ils ont disparu il y a environ 1000 ans. Cela coïncide avec les archives archéologiques sur la croissance rapide de la population et l’expansion des colonies. Il est probable que la chasse et les changements d’utilisation des terres dans les pâturages agricoles ont conduit à leur extinction », souligne le Dr Hansford.

Cette découverte constitue un enjeu important pour la compréhension de la biodiversité de Madagascar. Ces oiseaux ont évolué dans la Grande Île pendant des millions d’années, bien plus que les lémuriens, ils auraient donc développé des liens écologiques uniques et importants avec les plantes et ont contribué à l’écozone de l’Île. « Ils ont probablement joué un rôle important dans la propagation et la dispersion de grosses graines par leur consommation. Les scientifiques ont suggéré que les baobabs emblématiques auraient pu être disséminés à travers l’île par des oiseaux éléphants. Sans eux, ils sont maintenant plus vulnérables au changement climatique ce qui mènerait à leur extinction. » Titan, si tu nous entends…

© Photo ZSL

© Photo Jaime Chirinos, 2009

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