Vodiondry : DONNE-MOI TA MAIN
26 août 2012 - TraditionsNo Comment   //   7584 Views   //   N°: 31

Le « vodiondry » est le mariage traditionnel malgache. Plus exactement, la demande en mariage à la belle-famille. La présence d’un orateur s’impose pour vanter les qualités du prétendant, et si ça ne suffit pas, de petites enveloppes bourrées d’argent permettront peut-être d’emporter la décision. 

Donnera, donnera pas ? C’est la grande crainte du jeune homme avant la cérémonie du vodiondry, le mariage traditionnel. Chez les Malgaches, la demande consacrée « Veux-tu m’épouser ? » ne s’adresse pas à la jeune fille convoitée, mais à la future belle-famille dûment rassemblée. Pour cela, le prétendant paré de ses plus beaux habits doit se présenter avec tous ses parents et amis. « C’est l’occasion de faire connaissance avec les uns et les autres », explique Hanitra Andriamboavonjy, présidente nationale du Cercle des pratiquants de l’art oratoire malgache (Fimpima).

Le prétendant est également accompagné d’un mpikabary, un orateur ayant pour mission de mettre en valeur les qualités du futur époux. Et là, il faut débattre ferme avec la belle famille, surtout quand les questions d’argent arrivent sur le tapis… Il n’est pas rare que le jeune homme rentre bredouille faute d’avoir trouvé un consensus entre les deux familles.

Le terme vodiondry signifie littéralement « partie postérieure du mouton ». En effet, c’est cette partie des animaux que l’on offre traditionnellement à tous ceux que l’on veut honorer. Cela en vertu d’une ancienne coutume qui distinguait le vodiakoho, la partie postérieure du poulet offerte aux aînés, le vodiomby, celle du zébu pour les rois, et le vodiondry pour les futurs beaux-parents. Du temps du roi Ralambo, au XVe siècle, on offrait encore un mouton vivant, mais sous le règne d’Andrianampoinimerina, au tournant du XIXe siècle, l’animal est remplacé par de l’argent soigneusement caché du regard par du lambamena, un tissu en soie. Mesure sage, car les pauvres avaient honte de leur mouton maigre quand ils allaient demander la jeune fille en mariage, alors que les riches aimaient en mettre plein la vue dans les villages avec leur mouton gras… Pour couper court à tout ce déballage, on prit l’habitude de remettre directement de l’argent, aujourd’hui déposé dans une enveloppe. « J’ai mis Ar 200 000 dans l’enveloppe », confie Heritiana Razafinjatovo, marié depuis le mois dernier. Une somme plutôt rondelette pour les Malgaches.

Durant la cérémonie du vodiondry, le jeune homme offre également différentes enveloppes remplies d’argent à la famille de sa dulcinée : le tapi-maso (cache-vue) pour les frères, l’ala-fady pour les oncles, etc. Même les amies avec qui elle a joué quand elle était petite auront leur petite enveloppe. « Les mots ne suffisent pas, il faut les accompagner de présents qui donnent leur prix à la demande en mariage », explique Hanitra Andriamboavonjy.

Le vodiondry est considéré comme la première étape obligatoire menant au mariage. Mais du temps des Ntaolo, les Malgaches d’antan, à l’époque où l’on ne s’encombrait pas de paperasse, le vodiondry était considéré comme le mariage en soi. Après s’y être plié, le couple pouvait vivre sous le même toit et avoir des enfants. « Mitari-bady tsy lasam-bodiondry mahamenatra », disaient alors les anciens. Aujourd’hui, le vodiondry a besoin, en plus, du mariage civil à la mairie et religieux à l’église pour officialiser l’union. Autres temps, autres moeurs. 

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