Violence faites aux femmes : briser enfin le silence
13 mars 2017 - TribuneNo Comment   //   3893 Views   //   N°: 86

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Les violences faites aux femmes sont presque les mêmes dans tous les pays d’Afrique. Le système patriarcal très répandu dans le continent met les femmes en position de subordination et légitime ces violences. Capacity-building for Communities (C-for-C) monte au créneau.

© Vanii Suki

A Madagascar, 30 % des femmes de 13 à 49 ans ont subi au moins une forme de violence. Les récentes études effectuées par le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) ont montré que 26 % des victimes subissent des violences physiques, 24 % des violences psychologiques et affectives, 39 % sont abandonnées par leur conjoint et 11% sont victimes de violences sexuelles. La violence conjugale est la forme la plus répandue.

Parmi les témoignages qu’on reçoit à C-for-C, les femmes se font tabasser dès qu’elles osent contrer leur mari. Malheureusement, dans la plupart des cas, elles ne savent même pas vers qui se tourner. Elles n’osent pas porter plainte soit par peur des représailles, soit par peur ou par honte d’avoir à exposer leur cas et ainsi salir l’image de la famille. Comme l’affirme le dicton malgache : « Ny tokantrano tsy ahahaka », le linge sale se lave en famille.

Madagascar est avant tout une société patriarcale. L’homme domine, il est supérieur. Selon une enquête que nous avons menée sur la perception de la place de la femme dans la société, la majorité a répondu qu’elle doit en premier lieu s’occuper de son foyer. La femme malgache est ainsi cantonnée à son rôle de fanaka malemy, littéralement de « mobilier fragile ». Si ce système patriarcal a été institué pour faire régner l’ordre, on l’utilise souvent, au contraire, pour dénigrer et démontrer sa force envers les femmes.

Plusieurs organisations existent à Madagascar pour soutenir les femmes victimes de violences conjugales. Leurs interventions sont louables, portant surtout sur l’écoute des victimes et l’incitation à briser le silence. Malheureusement, jusqu’à maintenant, aucune statistique n’indique une réduction du taux de violences faites aux femmes. En septembre dernier, le ministère de la Population, de la Protection sociale et de la Promotion de la femme a lancé officiellement la Stratégie nationale de lutte contre les violences basées sur le genre qui sera mise en œuvre sur cinq ans. Reste à voir les actions concrètes !

Pour sa part, C-for-C a choisi d’orienter ses interventions auprès des hommes instigateurs de cette violence. Nous leur prodiguons des accompagnements psychosociaux afin d’éviter les risques de récidives. Pour renforcer la prévention, C-for-C mettra également en place, en partenariat avec le ministère de l’Education nationale, des cursus d’éducation prônant la disparité du genre et la masculinité positive dans les écoles primaires de la capitale. Il est à souligner que C-for-C coordonne Menengage, un réseau d’hommes militant contre les actes de violences faites aux femmes. Une première à Madagascar !

Sariaka Nantenaina
Directrice de C-for-C

L’Organisation non gouvernementale Capacity-building for Communities travaille pour le renforcement des micro-entrepreneurs. La structure cible surtout les personnes en situation de vulnérabilité : handicapés, enfants, femmes, vulnérables socio-économiques…

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