Viens Poupoule
3 février 2015 - Cultures Fanahy gasyNo Comment   //   2267 Views   //   N°: 61

Voici deux proverbes tirés de la basse-cour des Anciens qui, à nouveau, font honneur à leur sens de l’observation.
Tous deux rapportent le petit manège du coq qui propose un grain de riz à sa poulette afin de mieux la séduire.
N’écoutez pas Mesdames ! 

Le proverbe « Indro akoholahy mahita fotsimbary, tsy mahatelina fa iantsom-bady » (Voila un coq qui voit un grain de paddy, il ne l’avale pas, car c’est pour solliciter sa poule), n’est pas sans rappeler cet autre : « Akoholahy mikokoko vavy, tsy hanin-kavoky, fa vola-kifanajana » (Un coq qui caquette après une poule devant un aliment, ce n’est pas pour la rassasier, il en attend beaucoup plus).
On peut d’emblée se poser la question : pourquoi un coq qui découvre un grain de riz ne l’avale-t-il pas tout de suite, comme le lui dicte la logique du ventre animal ? Regardez bien son petit jeu : il prend l’aliment dans son bec puis le repose par terre, ainsi plusieurs fois, tout en caquetant en direction d’une poulette qui ne semble pas lui être indifférente. Manège qui n’est pas sans rappeler la fameuse chanson Viens Poupoule et ressemble, dirions-nous dans un langage plus moderne, à de furieux appels 

de phares. 

Et voila la poulette toute gloussante et comme ravie du compliment qui s’approche pour mordre à l’hameçon.

S’attend-elle à la suite ? Messire coq monte alors sur ses ergots, gonfle son jabot et commence à tournoyer autour de la belle en battant énergiquement d’une aile (pourquoi pas deux ? mystère).
Jusqu’à ce que Dame poule, subjuguée par tant de prestance, se mette en position pour… bref, vous avez compris. Une parade amoureuse qui exprime « la loi du plus fort » qui règne aussi à la bassecour, car c’est au plus costaud de ces gallinacées, au mâle dominant, que les belles succombent.
Les faibles n’ont plus qu’à gratter la terre pour dénicher un ver de terre (un petit ver ça ne se refuse pas), histoire de noyer leur chagrin.

Pourtant, certains coqs dominés ne l’entendent pas de cette oreille et guettent la moindre occasion pour exprimer furtivement leur hommage aux poulettes.
Surtout quand Messire coq a le dos tourné ! Mais ces demoiselles font leurs dégoûtées et regardent de haut ces freluquets qui, de colère, n’en deviennent que plus pressants.
De là deux scénarios, soit Dame poule se résigne à recevoir l’hommage de l’outsider, soit le roi coq qui a eu vent du manège fond sur le blanc-bec, furieux qu’on ose bafouer son droit de cuissage régalien, et littéralement lui vole dans les plumes ! La correction sera sévère.
Le coquelet n’a plus qu’à s’en aller, le regard par en dessous, l’air de se dire : « Quand je serai plus fort, je te ferai payer au centuple cette humiliation, et j’en ferai voir de toutes les couleurs à ces vieilles carnes qui ont snobé mes avances. » Mais aura-t-il le temps ? Car sur la basse-cour règne un autre tyran : l’Homme qui seul décide qui passera à la marmite et quand ! Moralité : chantera bien qui chantera le dernier… 
 

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