Vice local
1 mai 2014 - La mode StylisteNo Comment   //   7569 Views   //   N°: 52

La main au pagne

Nanie Alexandra assume son côté décalée qui se retrouve dans toutes ses créations. A 30 ans, elle lance la mode ethnique sur le marché malgache avec la marque Vice Local. Son pari, introduire chez nous le  pagne wax africain, inspiré des batiks javanais. Osé !

Passionnée par les voyages, Nanie Alexandra ne cesse de ramener des objets ethniques des pays qu’elle découvre. « J’ai commencé par les bijoux d’Asie, d’Afrique et d’Europe et je me suis dit que ce pourrait être un business. Mais comme les Malgaches sont encore un peu réticents avec l’ethnique, j’ai préféré y aller petit à petit. » Après les colliers, les bagues et les boucles d’oreilles qui commencent à trouver preneurs chez nous, elle décide de se tourner vers le wax, un tissu en coton aux motifs très colorés. Appelé aussi « pagne », il est très prisé en Afrique de l’Ouest où il sert principalement à la confection des boubous. Sa technique d’impression s’inspire des batiks javanais, réalisés avec des cires hydrophobes, d’où son nom tiré de l’anglais wax, « cire ». Il aurait été ramené en Afrique par des mercenaires ghanéens travaillant en Indonésie pour les Britanniques et les Hollandais.

 Le wax est aujourd’hui un tissu de référence, adopté par les plus grands créateurs internationaux,   pour créer des vêtements chics et ethniques; « C’est lors de mon premier défilé au Carlton, en décembre dernier, avec une quinzaine de collections en wax, que j’ai décidé de travailler ce tissu. J’ai eu beaucoup de  retours positifs et cela m’a encouragée à aller plus loin. » Le wax africain de grande qualité n’est pas fabriqué en Afrique mais en Hollande sous la marque Vlisco : on parle d’ailleurs de « real Dutch wax » (vrai wax hollandais) pour le différencier des productions africaines.  « La qualité est différente.  Le bazin qui est un wax basique porté pour les grandes cérémonies africaines est plus rêche, tandis que le wax fabriqué en Hollande est en coton. » Jupes, robes, pantalons, chemises et chaussures, Nanie Alexandra redouble de créativité pour intégrer le wax dans la toilette malgache.

Pour l’instant, ce sont les vêtements pour femmes qui l’inspirent le plus. « J’adore leurs courbes. J’ai plus de mal à créer pour les hommes, mais ça viendra. » Elle travaille sur les  couleurs et les motifs naïfs et humoristiques du wax africain, sans s’interdire des incursions chez les  grands créateurs de l’ethno-chic. « Je suis fascinée par le travail du styliste libanais Eli Saab pour la fluidité et la grâce de ses robes, et du styliste tunisien Maw Azria pour sa folie. Je me retrouve dans leurs univers. » Pour satisfaire le goût malgache, elle mélange volontiers le wax à d’autres tissus afin d’éviter de tomber dans le vêtement folklorique.  « Il n’est pas rare que des clientes me ramènent des modèles qu’elles ont elles-mêmes dessinés et que j’essaie ensuite de retranscrire avec le wax. »

 

 

Aujourd’hui, la jeune femme se concentre sur la réalisation de chaussures en wax sur mesure. Grâce à ses deux ateliers dans la capitale, elle peut produire jusqu’à vingt paires de chaussures plates et cinq paires de chaussures compensées par semaine.

« J’ai ramené du cuir du Maroc il y a très longtemps et je me suis dit qu’on pouvait le marier avec le wax pour en faire des chaussures. Je réalise également des Derby et des escarpins à talons. »

Bref, avec elle, le wax… ça marche !

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