Un drôle de pistolet !
11 septembre 2017 - Fanahy gasyNo Comment   //   1443 Views   //   N°: 92

« Basy atifi-kavana, tsy afenina fa arangaranga » peut se traduire par « fusil pointé vers les proches, bien en évidence ». D’emblée, on relève comme une anomalie dans ce proverbe car généralement on ne pointe pas son fusil – ou son pistolet – vers des proches, mais vers l’ennemi…

Dans ce cas de figure, il s’agit bien de proches que l’on met sous son flingue, d’êtres chers, mais dans le sage dessein de les mettre en garde. Une sorte d’anticipation au fameux proverbe : « Qui aime bien châtie bien ». Autrement dit, voilà ce que je vous réserve si vous me décevez ou me désobéissez. Et là ils ne pourront pas dire qu’ils ont été pris en traître ! C’est un avertissement clair et net qui ferait bien de ne pas tomber dans l’oreille d’un sourd ! Et comme « un homme averti en vaut deux », il s’emploiera doublement – du moins on l’espère – à s’éviter une décharge de chevrotine dans le buffet (pour parler comme les voyous d’Albert Simonin). Naturellement, le fusil est pris ici comme une métaphore de la punition. A moins que ce ne soit Ma Dalton en personne qui fasse la leçon à Joe, William, Jack et Averell !

Cela rappelle cet autre dicton « Mifankatia tsy mifamarafara » qui pose que « s’aimer sans règles » peut mal tourner. Il semble se référer au grand roi Andrianampoinimerina (fin XVIIIe siècle), auteur de tout un corpus de lois qu’il institua pour bien régir son royaume. Un jour, un de ses sujets lui pose la question : « Vous avez institué ces lois, Seigneur. Mais si on attrape l’un de vos proches en train de les transgresser, quelles dispositions devrons-nous prendre ? » « Appliquez la loi comme pour n’importe quels autres sujets, car ils ont été prévenus comme les autres ! », répondit le monarque.

Et l’histoire rapporte qu’il a agi ainsi dans au moins deux circonstances. Le cœur meurtri, il a fait tuer une de ses douze femmes, Rabodonimerina, qui a voulu l’ensorceler, et un de ses fils, Ramavolahy, qui allait assassiner Ilaidama, celui qui lui a succédé. Le grand souverain avait coutume de dire qu’il n’avait pas de proches quand il s’agissait de diriger son royaume. Entendons par là qu’il n’accordait pas de faveurs aux siens, pas de népotisme caché ou déclaré. Mais c’était il y a longtemps. Le pays a bien changé depuis, c’est le moins qu’on puisse dire !

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