Trio-T
3 décembre 2013 - Cultures Music MusiquesNo Comment   //   2118 Views

n°47

2 il + elle = 3 îles

Après des concerts à La Réunion et à l’île Maurice, le groupe fusion Trio-T, formé du bluesman mauricien Éric Triton, du chanteur de maloya Tiloun et de la chanteuse de beko Talike, a terminé sa tournée à Madagascar avec deux concerts à Antsirabe et Tana, les 8 et 9 novembre dernier. Leurs impressions à chaud avant le dernier concert.

Quelle leçon tirer de cette tournée dans les trois îles, la fusion a-t-elle opéré ?

Éric Triton : C’est une expérience captivante et quasiment une première car, paradoxalement, nos trois îles échangent peu entre elles. De l’avis des connaisseurs, comme Christophe David (Libertalia-Music Records) qui est à l’origine de ce projet, cette fusion de beko, de maloya et de blues créole ne ressemble à rien de connu musicalement. Mais c’est peut-être ça, finalement, notre identité profonde… en attendant d’y ajouter les Seychelles et les Comores ! Sur scène, tout semble aller de soi, pas de fausses notes entre nous, la valiha trouve tout naturellement sa place entre les tablas et les congas. Le plus dur a été d’apprendre les paroles des chansons de Talike en malgache alors que ni Tiloun ni moi ne parlons la langue. Et vice versa. Difficile de croire que nous n’avons eu que dix jours pour préparer la tournée et pour réarranger – voire réécrire – les morceaux que chaque membre du trio a proposés. D’autant qu’on se connaissait très peu avant.

Comment décrire votre musique ?

Tiloun Ramoun : C’est très difficile. Disons que c’est comme de mélanger dans une poêle du piment mauricien, de l’oignon réunionnais et de la tomate malgache. Ça donne de la sauce, c’est sûr, mais tout est dans la façon de composer avec les ingrédients. Il ne s’agit pas de plaquer l’une sur l’autre trois #traditions musicales différentes, mais de les faire respirer ensemble, de les « lier » pour reprendre la métaphore culinaire. Je dirais que c’est une musique des îles, une musique métisse qui donne envie de bouger, mais sans se limiter au boum boum. Si je devais lui donner un nom, je dirais « musique de l’interculturalité de l’océan Indien » car elle mélange trois cultures différentes, mais étroitement liées dans l’histoire. Une facette oubliée de l’océan Indien…

L’avenir du Trio T ?

Talike Gellé : Trop tôt pour le dire, mais il y aura une suite, sans doute des enregistrements audio et vidéo et des participations à des festivals. En attendant, nous allons reprendre nos routes respectives. Pour moi, cela veut dire continuer à faire connaître la musique du Sud, je suis Antandroy, et les instruments traditionnels malgaches comme le kabôsy, le marovany ou le katsa. Avec mon groupe Talilema, formé en 2011 avec Kilema, nous avons une tournée prévue en Europe et un agenda rempli jusque juin 2014. Éric et Tiloun ont eux aussi leur calendrier avec leur formation respective. Mais le plus important, c’est la graine que nous avons semée, cet esprit de fusion extrêmement fécond et qui devrait inspirer bien d’autres musiciens à l’avenir. Au fait, quel nom donner à cette #musique ?

Propos recueillis par Solofo Ranaivo

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