Toute la mort pour nous reposer
28 mars 2014 - LifeStyleNo Comment   //   1578 Views

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Malala Be Povoara : Mes voix d’outre-tombe… 

On la surnomme Malala Be Povoara, Malala aux Grands Pouvoirs. Qui ne la connaît pas dans le quartier des 67 Hectares-Sud, dans tout Tana, voire dans toutes les régions ? C’est en effet l’un de médiums les plus en vue du pays, avec une spécialité très recherchée : la communication avec les morts. Du moins c’est ce qu’elle affirme, car en ce domaine les preuves tangibles manquent terriblement… Au mois d’octobre, elle était à Fianarantsoa à la demande d’une famille qui souhaitait s’entretenir avec un cher disparu. « Je ne sais pas comment j’ai acquis ce don. Ca a commencé à l’adolescence. Au début j’avais peur et on avait tendance à me prendre pour une folle. » Aujourd’hui, elle avoue ne plus pouvoir vivre sans ces contacts quasi quotidiens avec « l’autre monde ». « Des fantômes, il y en a des gentils et des méchants : il faut juste savoir s’y prendre avec eux – un peu comme chez nous en fait… » Elle serait bien en peine d’expliquer comment se passe la conversation. « Je ne vois pas les esprits, je les entends seulement. Des fois ils entrent en moi pour parler directement avec ceux qui les invoquent, je ne suis qu’un intermédiaire dans cette opération, un peu comme une batterie… » Son emploi de petit « télégraphiste » lui apporte de grandes joies car elle mesure à quel point les messages qu’elle apporte font du bien aux familles. « Et puis à fréquenter l’au-delà, on n’a plus peur de mourir ; on sait qu’il y a plein d’amis là-haut qui vous attendent. » Enfin, c’est elle qui le dit.

Olivier Raharimanga : Des locataires si discrets

Dieu sait que je n’ai pas le fond méchant/Je ne souhaite jamais la mort des gens/Mais si l’on ne mourait plus/Je crèverais de faim sur mon talus… Je suis un pauvre fossoyeur. » La complainte du fossoyeur façon Brassens, Olivier Raharimanga, 26 ans, pourrait la chanter sur tous les tons. Un de ses gagne-pain est en effet de creuser des fosses pour enterrer les morts. Fonctionnaire municipal affecté au gardiennage d’un grand cimetière de la capitale, cela ne l’empêche pas d’être un bon vivant, voire un joyeux loustic, toujours une petite blague à raconter à ses collègues. « Ce n’est pas parce qu’on fait ce métier qu’on doit avoir toujours une tête d’enterrement. » Justement, il y a en un qui est programmé pour le lendemain, d’enterrement, et son début de matinée sera donc consacré au creusement de la tombe. « J’ai l’impression de faire un métier utile. Si ce n’est pas moi qui le fais, qui le fera ? », soupire-til. D’autant que le service des morts lui permet de gonfler substantiellement ses revenus, et jamais de chômage dans ce domaine. « Je donne mon tarif aux familles des défunts, mais après on peut toujours négocier. » Bref, un contrat comme un autre, doublé d’un sens certain du service après-vente : « J’inspecte souvent les tombes que j’ai creusées, en passant j’enlève les mauvaises herbes. Je me sens lié à tous ces morts, je suis un peu le gardien de leurs dernières demeures… Des locataires si discrets. » Ou comme le chantait Tonton Georges : « Ni vu ni connu, brave morte adieu ! Si du fond de la terre on voit le Bon Dieu. Dis-lui le mal que m’a coûté/La dernière pelletée… Je suis un pauvre fossoyeur. 

Pages réalisées par Solofo Ranaivo

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