Tourisme durable: Un concept d’avenir
1 mai 2013 - Escales EscalesNo Comment   //   1519 Views   //   N°: 40

Le développement harmonieux du tourisme suppose que, tout en se préoccupant de la pérennité financière de son établissement, l’on songe aux générations futures qui devront pouvoir exercer les mêmes activités dans un environnement naturel et social préservé. Quel devenir pour ce concept dans la Grande Île ?

Au regard de son niveau de pauvreté, Madagascar ne se prête pas ou peu au développement du concept de tourisme durable. Dégradation de l’environnement naturel (les essences les plus précieuses sont pillées au sein des aires qui devraient être les plus protégées) et social (aucun système de protection santé, des salaires indécents…) avec pour conséquence que le tissu économique et communautaire est déchiré.

Cependant, véritable paradoxe, dans cet environnement peu éco-responsable et inéquitable où les réalisations communautaires sont réduites à leur plus simple expression, les acteurs privés contraints de compenser les déficiences abyssales de l’État, font preuve d’un engagement exemplaire.

Il n’est pas rare qu’un hôtelier dispose d’une infirmerie au sein de son établissement, soutienne financièrement l’école du village, soit le seul à réparer la route et, bien sûr, se fournisse lui-même son électricité tout en assurant, avec une escouade de gardiens, sa sécurité. Le concept de tourisme durable ne pourra cependant se développer sans l’aménagement harmonieux des territoires.

Les autorités doivent assumer leurs fonctions régaliennes. Force est de constater toutefois que les seules réelles initiatives sont à mettre, aujourd’hui et à Madagascar, à l’actif du secteur privé. Seul, dans l’état actuel de l’environnement politique, la mise en réseau d’acteurs privés autour d’objectifs précis et réalisables tant environnementaux que sociaux et communautaires (dont la participation active à des groupements professionnels ou Offices régionaux du tourisme) peut permettre d’envisager quelques avancées.

Pour exemple, la charte « Nosy be s’engage pour un tourisme durable » qui fédère, en sa troisième saison, l’essentiel des prestataires de services touristiques nosibéens avec sa multitude d’implications concrètes. Le choix d’une charte ayant été dicté par l’ambition de voir y adhérer un maximum d’acteurs afin d’entrainer de véritables bénéfices pour l’environnement, tant naturel que social.

La démarche d’un label, plus « élitiste », aurait offert moins d’intérêt pour l’ensemble de la destination. La notion de RSE (responsabilité sociétale des entreprises), souvent évoquée, n’est pas très éloignée du concept de durabilité. Elle implique davantage les entreprises dans leurs responsabilités vis-à-vis de tous les partenaires (clients, fournisseurs, sous-traitants…) dont elles garantissent les bonnes pratiques environnementales et sociales et recentre les engagements sociaux sur leur « coeur de métier ».

Un hôtelier soutiendra dans ce cadre, en priorité, un centre de formation aux métiers du tourisme et de l’hôtellerie plutôt qu’une école ou un dispensaire. En cette année, trois événements vont mettre en exergue le concept de tourisme durable à Madagascar. Le samedi 1er juin, dans le cadre du salon International Tourism fair Madagascar 2013 et de la Journée mondiale du tourisme responsable, des conférences feront le point sur l’avancement du concept durable sous nos cieux.

Du 8 au 11 novembre à Colmar, en France, lors de Solidarissimo, salon du tourisme éthique et de l’économie solidaire, dont Madagascar est l’invité d’honneur, les rencontres entre consultants locaux et leurs homologues étrangers vont être multiples. À la fin de ce même mois, à Antananarivo, une conférence internationale devrait permettre des échanges fructueux entre experts internationaux, régionaux et malgaches.

L’enjeu est énorme tant le développement de ces notions est important à travers le monde. Madagascar par son positionnement « nature et découverte » ne peut rater cette opportunité de capter des niches d’un marché « responsable » à l’accroissement exponentiel. Il conviendra cependant de ne pas communiquer sur nos atouts « durables » avant qu’ils ne puissent être vérifiés sur le terrain auprès d’une masse cri tique suffisante d’acteurs…

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