Tony Andrianaivo
12 janvier 2015 - Diaspora HexagoneNo Comment   //   3901 Views   //   N°: 60

Le mélange des cultures est normal

Tony Andrianaivo a 18 ans. Cet enfant de la diaspora malgache, poly-instrumentiste, étudiant en classe prépa, vit en Île-de-France, non loin de Paris. Il sort tout juste son premier album jazzy… 

Le père, Hery, est arrivé à Lyon en 1985 pour étudier. Il avait 20 ans et pensait repartir après. Dans les années 1990, il crée son entreprise en électronique puis monte à Paris pour y devenir enseignant.
En parallèle de son activité principale, il travaille dans la production musicale et initie, dès le plus jeune âge, ses trois garçons à la musique : « Tous les trois ont une formation d’arrangeur : basse, piano et batterie ». Pour Tony, « la basse est une vocation », il s’est « perfectionné seul par Internet ».
Natif de Lyon comme ses deux frères, Tony est aujourd’hui, en deuxième année de classe préparatoire « Physique Chimie et Sciences de l’Ingénieur » à Orsay, en proche banlieue parisienne. « Théoriquement », il passera des concours en fin d’année… sans grande conviction.
Tony comprend la langue de ses parents mais ne la parle pas. Ses contacts avec la famille tananarivienne sont très « occasionnels » : « On se téléphone pour les fêtes et les anniversaires. » Si le jeune homme ne « cherche pas particulièrement à se rapprocher de Madagascar », c’est très certainement parce qu’il a « du mal à comprendre les Malgaches » : « Ils ont tendance à se sous-estimer, ils sont très fermés, surtout ceux qui viennent du pays ».
À dire vrai, ses « liens avec la communauté malgache » ne lui paraissent « pas si essentiels que cela », au grand dam de son père : « La deuxième génération n’a presque plus de rapports avec la culture des parents, avec la troisième c’est fini, il ne reste plus que le nom ».
Tony est « Français » et vit « bien » dans son pays : « Ma culture est plus dans le nord du monde. En France, pour ma génération, le mélange des cultures est normal. Personne ne s’interroge jamais sur mes origines ».
En revanche, la famille est « chrétienne » et fréquente assidûment la diaspora malgache, pour « entretenir les relations » et assurer l’animation : « Dans la communauté malgache, il y a beaucoup de fêtes, c’est le meilleur conservatoire ».
Dans ses goûts musicaux, Tony se présente volontiers comme un « éclectique ». S’il connaît la musique malgache, par « héritage familial », il ne se « situe pas de ce côté-là ». Pour lui, Wawa est « un effet de guitare ». Son univers est « américain » : George Benson, Stevie Wonder, Michael Jackson…
En décembre, Tony a terminé son premier album : « Ce n’est pas de la musique populaire, c’est du jazz, pour un public d’amateurs ». Il a tout fait seul, musique et chant. La musique est, pour lui, « une passion » mais il sait aussi que c’est un milieu où il est « difficile de gagner sa vie ».
Son avenir, il le voit plutôt avec un « bon métier, de l’argent et une jolie femme », sans trop « se préoccuper de ce que pensent les gens, ça empêche d’avancer ». Et Madagascar ? « Pour les vacances, en touriste… »

Texte et photo : #ChristopheGallaire

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