Tiana : « Taxi Madame ? »
10 décembre 2018 - MétiersNo Comment   //   4355 Views   //   N°: 107

Les sourcils bien tracés, grosses boucles, lunettes Ray-ban, le personnage de Tiana pourrait être associé à une de ces tropicaleuses prêtes à percer dans la musique « mafana ». Ne vous fiez pas aux apparences : Tiana adore chanter mais a fait carrière comme taxi.

Malalatiana Ernestine Perline, dit Tiana, a 40 ans et elle est l’une des trois femmes chauffeur de taxi à Tana. Au volant de sa Peugeot 205, elle adore faire vrombir le moteur. Le choix de ce métier a été motivé par son amour des voitures. « J’ai acheté ma 205 en 2007. Quand elle est tombée en panne, je n’ai pas eu les moyens de la réparer. Il était hors de question de la revendre, alors je me suis dit que ce serait bien d’en faire un taxi pour payer les coûts d’entretien. »

Son amour pour les cylindrées remonte à l’enfance. Au lieu de peigner les cheveux des poupées, elle a toujours préféré jouer avec les garçons. « Avant, on mettait de l’eau dans un vrai pneu et on le faisait rouler avec deux bâtons. Tous les enfants de ma génération connaissent ce système D qui crée l’illusion de conduire un vrai automobile. » Le père de Tiana a été conducteur de camion et ses six frères sont chauffeurs. C’est ainsi qu’elle commence comme chauffeur particulier en 2010 puis chauffeur de taxi en 2012.

Son défi ? Réussir dans ce boulot destiné aux hommes. « Avant, je me suis dit que si un homme peut le faire, je le peux aussi. Mais au fil du temps, j’ai vu que c’est un boulot très physique. Il faut pousser lorsqu’on est en panne, porter les affaires des clients, faire monter l’essence en l’aspirant avec sa bouche, savoir bien conduire au milieu de ces personnes qui ne respectent ni les marquages au sol ni les panneaux. C’est un métier difficile. » Au début, Tiana a eu honte de son métier. Durant les premiers jours, elle se cachait derrière des lunettes de soleil. « Aujourd’hui, je suis plus affirmée et les Ray-Ban sont devenus l’essentiel de mon look. »

Malgré les contraintes du métier, Tiana se met toujours sur son 31. Les cheveux bien coiffés, ongles vernis et talons douze centimètres, elle tient à affirmer sa féminité dans cet univers très masculin. « Même si je conduis un taxi, je veux montrer que je suis avant tout une femme. C’est aussi pour le respect de mes clients. Aucune personne ne tolérerait un chauffeur mal fagoté et qui pue des aisselles. Je veux me démarquer par les qualités de mes services. »

Tiana aime aller dans les endroits les plus boudés par les taxis. « Lors du marché du jeudi, j’ose entrer dans toute cette foule pour avoir des clients. Les autres taxis ne feraient jamais ça de peur de l’embouteillage. » Tiana a sa propre technique pour fidéliser ses clients. Elle leur propose le tarif qu’elle estime le plus juste pour un trajet. « On négocie rarement mon tarif. Aujourd’hui, on m’appelle souvent pour louer mon taxi. » Tiana gagne de 5 000 ariary à 40 000 ariary par jour. Célibataire, elle est toujours contente de trouver de quoi payer sa bière et aller s’amuser dans un karaoké en fin de semaine. Aujourd’hui, elle veut démultiplier ses locations. Elle rêve d’acheter une Subaru ou une Toyota Celica. « J’adore les voitures de rallye. Plus c’est bruyant, plus j’aime. » 

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